L'aéroport à la croisée des chemins

Sixième aéroport français, Marseille Provence vient d'enregistrer un record de passagers au mois de juillet  

Dans la compétition mondiale, européenne ou au moins nationale, l'aéroport Marseille Provence (AMP) est-il un nom qui compte? Oui et non, serait-on tenté de dire. Le trafic aérien hexagonal est absorbé à moitié par les deux grands aéroports parisiens. Et de façon assez étonnante, la deuxième ville de France n'a que le 6e aéroport en nombre de passagers, malgré son année 2018 record (9,4 millions de passagers). Loin derrière Roissy et Orly donc (105 millions en 2018) mais aussi Nice (13,8 millions), capitale aéroportuaire de la région Paca. Un peu moins des 11 millions de passagers de Lyon et 9,6 millions de Toulouse, avec lesquels rivalise AMP (lire ci-dessous). Il n'y a pas de hasard si ce sont d'ailleurs ces trois derniers cités qui ont été les premiers privatisés par l'État.

Malgré ses nombreux atouts, Marseille Provence n'est encore pas à la lutte avec les autres capitales régionales. Il faut dire que l'aéroport est aussi handicapé par des contraintes extérieures, comme des conditions d'accessibilité antédiluviennes (il n'existe toujours pas de transport en commun en site propre pour rallier le centre de Marseille à Marignane). Les sages de la rue Cambon ne s'y sont pas trompés, l'an dernier: "Sur Marseille Provence, enfin, la Cour saluait la performance financière croissante de la SAR (Société aéroportuaire, Ndlr), son très faible endettement et la qualité de son plan de développement. En sens inverse, elle pointait la question de l'accessibilité difficile de la plateforme".

Cet été, le record du million de passagers atteint en juillet - et vraisemblablement en août - marque le fruit d'un long travail pour convaincre les passagers de faire le détour par la capitale de la Provence. Grâce notamment aux low cost et l'établissement de nouvelles bases (dernière en date, l'Espagnol Volotea), de nouvelles perspectives de croissance s'ouvrent pour les dix prochaines années qu'AMP accompagnera avec principalement son projet de "Cœur d'aéroport", 250 millions d'euros d'ici à 2027 pour l'ensemble des projets de rénovation et d'extension.

Sy.P.


L'AÉROPORT MARSEILLE PROVENCE AU BANC D'ESSAI

Les atouts et les handicaps de la plateforme

 - LES "PLUS"

  • Le low cost :

la croissance du trafic continue de se concentrer sur le Terminal 2 (+26% au premier semestre 2019), dédié aux compagnies à bas tarif et dont les capacités ont été récemment augmentées de 33 %; secteur dont Marseille Provence a fait sa spécialité et qui représente aujourd'hui 30% du trafic total de l'aéroport.

  • Les nouvelles dessertes:

21 lignes nouvelles sont venues s'ajouter cette année aux 148 dessertes déjà proposées, et 4 compagnies aériennes ont pris pied sur la plateforme en 2019, en plus des 34 qui y étaient déjà positionnées.

  • Le départ de la Sécurité civile:

le transfert des avions bombardiers d'eau à Nîmes-Garrons a permis de libérer 8 hectares de parking "avions".

  • Les croisières :

avec 2 millions de croisiéristes attendus en 2020, Marseille fait plus que jamais la course en tête au niveau français; position dont l'aéroport tire largement profit, notamment pour les passagers en tête de ligne. Comme Rome, Venise ou Barcelone, et à la différence de Gênes, l'aéroport phocéen constitue un tandem des plus performants avec le Grand port maritime.

  • L'accessibilité terrestre :

Marseille Provence dispose de l'un des meilleurs réseaux de transport en commun des aéroports régionaux français, notamment par autobus, emprunté par 17 % de ses passagers. Les efforts portent désormais sur l'amélioration de la desserte ferroviaire, notamment le cadencement des trains et l'accessibilité de la gare de Vitrolles.

  • Un territoire attractif:

la Provence, la Camargue, le Parc national des Calanques, les villes d'Aix, Arles et Nîmes, la vallée du Rhône, ou encore Paris à 3 h 30 de TGV sont autant de points d'intérêt accessibles depuis l'aéroport Marseille Provence.

 - LES "MOINS"

  • Le manque de foncier:

Marseille Provence ne dispose que de 70 hectares pour étendre ses infrastructures, contre près d'un millier d'hectares pour Lyon. De plus, le nouveau PLUi prévoit de placer en terres agricoles la moitié des réserves foncières de la plateforme.

  • L'absence de ligne directe avec les USA:

si aucun aéroport de province n'a encore été capable de maintenir une ligne directe régulière vers les États-Unis, Nice affiche fièrement ses trois liaisons estivales. Marseille, comme Lyon, semble avoir le potentiel pour alimenter une telle desserte mais le contexte hyper-concurrentiel n'y est pas encore favorable. L'aéroport ne désespère cependant pas d'accueillir une ligne sur New York "d'ici 4 ou 5 ans".

  • Les restrictions sur les droits de trafic:

après avoir servi Lyon et Nice, l'État français n'a pas voulu accorder de droits supplémentaires vers le golfe persique à Marseille Provence. Mais l'aéroport se dit "optimiste", affirmant que la situation pourrait prochainement se débloquer, notamment vers le Qatar et les Émirats.

  • La faiblesse économique de Marseille :

le développement d'un aéroport est étroitement lié au dynamisme économique de son territoire et à son PIB par habitant. Or Nice (19 533 €) et surtout Lyon (22 806 €) devancent la cité phocéenne (18 248 €).

  • La concurrence locale :

à la différence de Nice et Lyon qui ne souffrent pas de la proximité d'autres plateformes, une partie du trafic de Marseille Provence est capté par les aéroports de Toulon-Hyères et Montpellier.

  • L'image de la ville :

même si elle s'améliore depuis quelques années, l'image de Marseille à l'international reste très en retrait par rapport à celles de Lyon et Nice.

Ph.G.

 


PHILIPPE BERNAND PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE D'AÉROPORT MARSEILLE PROVENCE (AMP)

"Marseille va remonter dès cette année sur le podium"

Président du directoire d'Aéroport Marseille Provence (AMP), Philippe Bernand se dit convaincu que la plateforme phocéenne va récupérer dès cette année la troisième place des aéroports français de Province, au détriment de Toulouse-Blagnac qui la lui avait ravie en 2017.

Estimant que le record historique de trafic établi par AMP en juillet dernier (1050320 passagers, en hausse de 8,6%) et sans doute celui qui sera réalisé en août vont permettre à la plateforme phocéenne de prendre un peu d'avance sur ses prévisions, Philippe Bernand ne cache pas son optimisme. "Nous pensions frôler les 10 millions de passagers en 2019, mais désormais, sauf événement majeur, nous allons être au-delà de ce chiffre".

Un score qui devrait donc permettre à Marseille de repasser devant Toulouse, mais aussi de recoller à Lyon (11 millions de passagers en 2018, en hausse de 7,4%). Le président de l'aéroport qui tient d'ailleurs à relativiser le rang actuel de Marseille, soulignant la spécificité du trafic aérien français, concentré sur une seule ville ; un cas quasiment unique en Europe occidentale si on le compare à la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie. "Le rapport est d'un facteur 10, avec d'un côté Paris qui totalise 100 millions de passagers, et de l'autre quatre aéroports qui se tiennent dans un mouchoir de poche avec environ 10 millions chacun."Quant à Bâle-Mulhouse - actuelle- ment 5e aéroport de Province - dont la très forte croissance (+8,7% en 2018), pourrait menacer Marseille dès l'an prochain, Philippe Bernanci coupe court aux spéculations : "Ne mélangeons pas tout. Comme son nom l'indique, Bâle-Mulhouse est un aéroport franco-helvétique dont le trafic est avant tout porté par la Suisse et l'Allemagne"...

Ph.G.


Un aéroport au gros cœur

Avec 250 millions d'euros TTC (175 M € FIT) programmés sur la période 2020-2027, il s'agit du plus important investissement réalisé par une plateforme aéroportuaire régionale française. Le futur "Cœur d'aéroport", dont les travaux devraient démarrer dans le courant de l'année prochaine, a plusieurs objectifs: rationaliser les opérations aéroportuaires (inspections-filtrages de sécurité, traitement des bagages, restauration, commerces, etc.), améliorer la qualité du service rendu aux passagers, s'inscrire dans une démarche environnementale vertueuse, développer les revenus extra-aéroportuaires (ils représentent déjà 45% du total des ressources d'AMP, NDLR) et augmenter les capacités d'accueil des avions, dans la perspective de la croissance attendue du trafic aérien.

Ce nouvel équipement est en effet dimensionné pour un trafic de 12 millions de passagers. La première phase, constituée du "cœur" proprement dit, devrait être livrée en 2023. Quant à la seconde, constituée d'une jetée capable de traiter dix avions simultanément, elle est prévue pour 2027, mais pourrait être avancée à 2025 ou repoussée à 2030 en fonction de la conjoncture. Confié au cabinet britannique Foster + Partners auquel Marseille doit déjà la piétonnisation de son Vieux-Port, le projet Cœur d'aéroport prévoit notamment la construction d'une halle gigantesque de 23 m de haut qui fera la jonction entre l'aérogare historique dessinée par Fernand Pouillon, en 1961, et l'aérogare Richard Rodgers, réalisée dans les années 90.

Ph.G.

Sy.P. et Ph.G. la Provence - lundi 2 septembre 2019
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