Thérèse Le Dissès-Fantoni, la doyenne des Anciens Combattants a mené son dernier combat

Voici quelques semaines, nous quittait à 93 ans Thérèse Fantoni, née à Vescovato en Haute-Corse, la doyenne de l'Union Nationale des Anciens Combattants de Marignane. "Tu étais une femme joyeuse et souriante qui donnait à ceux qui t'entouraient bonne humeur et gaieté... Je sais ce que tu as fait par passion, par conviction et par amour de l'autre pour la France." Ainsi exprimait sa tristesse Emile Belogi, président de l'UNC. C'est en 2013 qu'il rencontre Thérèse pour la première fois et sera subjugué par son parcours militaire peu banal.

Tout commence le 28 avril 1948 lorsque Thérèse décide de s'engager pour le Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient. Les raisons mises en avant par ces volontaires féminines en Indochine étaient très variables, mais le sens du devoir et de l'honneur y est certainement pour beaucoup. Le 3 septembre 1948, elle embarque à Marseille sur l'ex paquebot "Pasteur", transformé en transport de troupes. La traversée n'est pas une partie de plaisir sur cette véritable caserne flottante qui pouvait embarquer jusqu'à 5 000 soldats dans un confort très rudimentaire. Après quelques escales de ravitaillement à Port Saïd, Djibouti, Colombo et Singapour, le "Pasteur" débarque les troupes à Saïgon le 21 septembre. Thérèse Fantoni rejoint son affectation, la 2^e demi-brigade Coloniale des commandos parachutistes. En  tant que volontaire féminine, elle n'est pas cantonnée qu'à des fonctions subalternes. Outre le rôle de brancardière et d'aide médicale, elle assure la logistique nécessaire pour la maintenance des parachutes. Le pliage et la préparation de ces toiles de soie de 60 m² s'avèrent des tâches primordiales car toute erreur entraînerait fatalement sa non-ouverture. Participant aux différentes missions de sa demi-brigade, Thérèse Fantoni est parachutée à plusieurs reprises sur les théâtres d'opérations. Au milieu des combats, elle rencontre Pol Le Dissès, commando parachutiste, qui deviendra plus tard son mari. Démobilisée en février 1950, Thérèse rejoint la métropole pour Paris, Brest, Cherbourg, la Côte d'Ivoire (Abidjan) pendant 17 ans puis Toulon et enfin Marignane. Elle sera décorée de la Croix du Combattant, de la Croix d'Engagé Volontaire de l'Indochine, du Titre de Reconnaissance de la Nation, de la Médaille d'Outre-Mer, de la Médaille d'Indochine, des Médailles d'argent et vermeil de l'UNC. "Ce n'était pas ton premier combat, mais celui de la fatigue d'une vie bien remplie. Le plus dur des combats, souvent le dernier", concluait le Président de l'UNC lors des obsèques.

POL LE DISSÈS, SON MARI

Pol est né en 1923 à St-Pol-de-Léon en Bretagne. À 20 ans, il embarque clandestinement pour l'Angleterre et s'engage dans les Forces Françaises Libres du Général De Gaulle. En décembre 1943, il intègre le premier squadron du 4^e SAS (Special Air Service) et effectue de nombreuses missions en France, Allemagne et Norvège. Lors de la guerre d'Indochine, Pol intègre la 2^e demi-brigade Coloniale des commandos parachutistes.