La mauvaise excuse
Ali jure avoir frappé le mur, mais pas elle. Pourtant, tout l'accable. Ce 28 novembre 2020 à Marignane, ce jour-là, leur fils d'une vingtaine d'années, craignant pour sa mère qui venait d'être projetée au sol, est même intervenu. Et c'est cela qui l'a poussée, cette fois, à déposer plainte. "Ça fait 20 ans qu'il est violent, au début j'avais peur, j'ai pas porté plainte. Après je l'ai menacé de partir mais rien n'a changé. Et maintenant, il a touché aux enfants et ça n'est plus possible", déclare Selma. Une queue-de-cheval pend tristement le long de son manteau fatigué mais on devine un beau visage fin derrière le masque. Malgré les années de violences, malgré l'alcoolisme de ce mari jaloux qui ne supporte pas de la voir parler à d'autres hommes, et n'a jamais accepté qu'elle quitte le foyer pour prendre un emploi, Selma a conservé une étonnante jeunesse. Le contraste est saisissant avec ce mari bouffi, hirsute à la voix rauque, éraillée par les excès et qu'elle n'accable même pas. Pourtant, Mi ne reconnaît toujours pas les faits, ni son problème à l'alcool. Il a simplement un peu dérapé, peut-être, ce soir-là. " Ma femme aussi me demande des choses que j'arrive pas à faire", lâche-t-il avant de promettre un peu plus tard qu'il "ne le fera plus jamais". Il écope de six mois ferme et deux ans de sursis et mise à l'épreuve.