JP. von Wildenradt
Le peintre: L’étude du cadastre à l’ouverture des archives municipales nous permettra de savoir où et pendant combien de temps le peintre Danois a séjourné à Marignane. Toujours est-il que le peintre était déjà à Marignane en 1888, où il peint le Bolmon, et en 1889 année où nait son fils Johan Peter Ulfstand Wildenradt le 19 juillet qu’il déclare le 20. Les signataires de l’acte d’état civil montrent que le peintre fréquentait des personnages en harmonie avec sa culture comme Pierre Alexandre Agobal, musicien, fondateur de l’Harmonie Marignanaise".
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Mais il fréquentait aussi, toujours en harmonie avec son personnage comme nous le verrons dans le témoignage suivant, un cafetier, Auguste Éloi Roux. Von Wildenradt était comte et son épouse, comtesse, fille du député et ancien président de la Chambre des députés du Danemarck, le baron de Krabbe. Le peintre mourra jeune à l’âge de 43 ans après s’être séparé de sa femme.
L'un des deux voleurs arrêté à Marseille en compagnie d'une Grelchen de moeurs faciles fut trouvé nanti de la presque totalité du magot dérobé dans le secrétaire défoncé, près'de mille francs et le second vient d'être acquitté, faute de preuves, dans une récente audience de notre cour d'appel.
La critique: - La Sainte-Beaume a fourni trois sujets à un peintre de talent M. VON WILDENRADT, peintre Danois ; il les expose cette semaine chez Collé. Ces toiles, qui présentent les chemins et les ravins de cette délicieuse forêt, sont traitées avec une science de coloris et une connaissance du dessin parfaites. Il fallait être bien sûr de ses moyens, il fallait un réel, tempérament d'artiste, pour prendre la forêt séculaire, dans ses dernières teintes d'automne et s'attaquer à ce fouillis d'arbres dépouillés et à ces rochers couverts de feuilles jaunies et de mousse verte, sans se laisser intimider par les écueils et les difficultés que ce sujet renferment.
Von WILDENRADT, un des 1er prix de l'école des Beaux-Arts de Copenhague a pleinement réussi dans son oeuvre et les toiles qu'il expose aujourd'hui ne font que consacrer un talent que nous avions depuis longtemps entrevu dans les tableaux que nous connaissions de lui. (Revue La Vedette)
- "Chrislian Zaçho et Wildenràdt nous entraînent sous bois. La fraîcheur des clairières, les ondes, cristallines où se mirent les branches, où les grands arbres viennent baigner en une retombée flemeuse leurs rameaux feuillus, luttent d'attirance, grâce à leur talent, avec les beautés de la plaine…
La plupart de ces maîtres paysagistes sont en même, temps excellents animaliers ; parfois aussi ils meublent leur sites.de personnages, d'un sentiment naïf, touchant." Charles Ponsonailhe (La revue d’art)
- «deux paysages de Von Wildenradt d'une grâce exquise mais que nous comprenons difficilement, nous autres méridionaux; et bien d'autres toiles que la parcimonie avec laquelle on m'a mesuré l'espace m'empêche de citer.» V. DE SCHEELLE.
Madame reçoit la critique: Accueil charmant, réception confraternelle, car je ne suis pas longtemps à deviner que la femme est artiste comme son mari et tient la plume aussi facilement que ce dernier le pinceau, la parole est lente et saccadée ; on sent la difficulté de la traduction de la pensée dans une autre langue que la maternelle, mais pas un mot impropre, pas une expression qui ne soit frappée au coin de la plus saine critique d'art sur laquelle la conversation s'engage. Les plus pures appréciations sur le sentiment du beau et du vrai dans la nature, une excursion esthétique clans le réalisme .de la palette, surchauffée par une admiration sans limite des oeuvres de son mari qu'un critique autorisé de Copenhague, a qualifié de Corot Danois.
C'est le moment où je reviens sur l'étrange teinte Cambouis du grand tableau de l'exposition et je suis vaincu dans tous mes doutes par le réalisme de la description accentuée par cette phrase : « Mon mari ne peint les choses qu'ainsi qu'il les voit, croyez, Monsieur, que cette teinte est vraie, la seule vraie !»
- Je connaissais la fameuse toile de Rubens peint par VanDick, je ne connais encore que M. Wintheradt, peint et commenté par sa femme, il ne m'en voudra pas de mon aveu qui gagne énormément aux descriptions de ses oeuvres par ce gentil cicérone.
Et c'est avec ce cicérone que j'arpente tous les étages du château dont les rares chambres sont encore habitables, sont à peu près meublées dans le style empire. Le vent s'engouffre dans les corridors et l'escalier par des lacunes de vitres aux fenêtres, en soulevant lamentablement des portières en loques.
Je demande à voir la salle, de spectacle qui jouit si longtemps d'une véritable célébrité.
— Ah monsieur, une ruine encore ! Les quatre murs, c'est aujourd'hui un grenier à foin.
— Mais dans l'aile droite dont la porte est surmontée d'une croix ?
— C'est la chapelle, assez bien conservée, dit-on, mais l'intendant seul en a les clefs, les hirondelles y rentrent seules sans sa permission.
En rentrant au salon, la petite cicérone me fait remarquer au-dessus de la porte un écu blasonné.
— Ce sont les armes des Galliffet.
Je l'ai bien supposé, mais je veux vous faire remarquer une étrange coïncidence et, rentrant dans le salon, Madame Wildenradt sort d'un tiroir un vieux cachet d'acier forme breloque qu'elle me présente comme les armes de sa famille.
— Voyez, me dit-elle, que de points de similitude, j'ai envoyé à mon père le dessin de l'écu que nous venons de voir pour chercher dans nos bibliothèques une étymologie héraldique, serions-nous cousins des Galliffet ?
— Monsieur votre père habite Copenhague, Madame ?
— Oui, c'est le baron de Krabbe, ancien président de la -Chambre des députés du Danemarck.
Je lis sur une carte de visite Margrelhe de Krabbe, et la petite femme qui grandissait à vue d'œil ... dans mon estime, se dégante pour me donner une empreinte du cachet d'acier "et orthographier au-dessous d'une écriture, aussi mâle que la main était fine et correcte, la véritable orthographe du nom de son mari.
J'apprends que l'artiste, par vocation, est aussi de fort noble origine et que son père est actuellement gouverneur des arsenaux et forteresses du Danemarck.
A mon étonneraient de cette résignation à vivre d'une façon aussi simple et sommaire dans un modeste pavillon de ce vaste château, Madame Wildenradt donne une bien aimable réponse.
Sa femme: En plein régime Köller, les Allemands trouvèrent un concours assez imprévu. Vers la fin de septembre 1900, on apprit qu'une Danoise, fille d'un député au Folketing et femme divorcée d'un peintre de Copenhague, Mme Wildenradt-Krabbe, venait d'acheter, à Haderslev un journal de langue danoise, le Dannevirke. Qu'on ne l’expulsât point, et tout de suite, c'était la preuve qu'elle était de connivence avec le gouvernement, disons mieux : soutenue par le gouvernement. On a su depuis qu'elle était généreusement soudoyée. Les gendarmes, d'ailleurs, distribuaient les numéros dans les campagnes et racolaient des abonnés. Sous prétexte de rétablir la tranquillité dans le pays, — tout comme le pasteur Jacobsen et M. von Köller,—Mme Wildenradt-Krabbe a mené pendant trois années une campagne d'invectives et de sarcasmes, violents autant que grossiers, contre le « parti danois », mais surtout contre ses chefs, MM. J. Jessen et H.-P. Hanssen. Les trente deniers de Judas, bien que représentés par des milliers de marks, n'ont pas suffi à l'entretenir. En 1903, elle abandonnait la lutte, pour venir se réfugier à Paris, où elle fait, paraît-il, de la littérature. Il est-pénible de stigmatiser une femme: mais quand elle se dessexe, comme dit Lady Macbeth, au point d'attaquer des opprimés, ses compatriotes opprimés, n'est-ce pas un devoir? Cet avis, des Allemands le partagent, même des Allemands du Slesvig, comme le prouve, entre autres, un article de la Gazettes de Kiel.
Marignane Info
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