Campagne de vaccination Une accélération à deux vitesses?

Alors que le centre vitrollais a trouvé son rythme de croisière et vaccine sans relâche depuis des semaines, sur Marignane la situation est bien différente. La Ville s'impatiente d'accueillir un dispositif similaire. Le maire a donc de ce fait décidé de prendre les devants en réaménageant l'espace Saint-Exupéry en station médicale déjà opérationnelle en cas de feu vert de l'ARS.

Une chose est sûre. Finie la période des doutes et des craintes. Désormais, le nerf de la guerre est bien la petite dose de vaccin. La demande explose dans toutes les communes de l'étang. Chaque patient éligible se presse désormais pour obtenir son rendez-vous vaccinal. Mais force est de constater que la machine vaccination de masse a, elle, encore un peu de mal à se mettre en marche sur notre territoire malgré les dernières annonces faites par le gouvernement Castex et la volonté de l'État d'accélérer la cadence.

Alors que ces dernières semaines, la pénurie de doses empêchait la création de centres, aujourd'hui, avec la volonté affichée de l'exécutif d'aller de l'avant, on observe plutôt "un chacun son rythme" selon les communes.

400 doses en plus

En effet, pour l'instant, sur l'Est de l'étang de Berre, seule la commune de Vitrolles a été habilitée par l'Agence Régionale de Santé (ARS) à ouvrir un centre de vaccination il y a deçà plusieurs semaines. Depuis le début de la campagne, 1 185 personnes ont reçu une première injection, plus de 600 ont été totalement vaccinées à l'immunité Pfizer.

Selon les chiffres officiels, 47% des patients sont originaires de la commune, 10% des Pennes-Mirabeau, 8% de Marignane et le reste en provenance de tout le pourtour de l'étang. Via la commune, partenaire hyperactif en la matière au côté de la Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS), l'ARS a ainsi décidé de passer la seconde avec le centre vitrollais, véritable épicentre de vaccination sur le territoire de l'est de l'étang. "Nous avons reçu exceptionnellement 400 doses supplémentaires pour ce week-end", annonce le Dr Hamzaoui en charge de la co-gestion du site. " Il y a un vrai échange de toute façon avec l'ARS à qui nous avons communiqué nos capacités d'accueil et de travail afin de mettre en place un suivi efficace pour les prochaines semaines."

Aujourd'hui, 3 médecins et trois infirmiers sont donc sur le site sans compter un agent d'accueil et deux employés municipaux dépêchés à temps plein pour le lien administratif medecins-patients. Un dispositif rodé qui permet ainsi à la commune d'asseoir son statut de fer lance du dispositif sanitaire local. "Cette semaine, les dotations vont de ce fait aussi augmenter pour passer à 100 doses et ainsi de suite en avril afin de maintenir aussi un rythme élevé de vaccination."

Des chiffres qui varient en fonction de beaucoup de paramètres et à la vue surtout d'une crise sanitaire qui cristallise toutes les tensions. "Je suis venue car j'ai entendu le maire de Vitrolles dire qu'il y avait des doses en plus! J'appelle pour prendre rendez-vous mais impossible d'avoir quelqu'un alors je suis venue," indique une Vitrollaise désespérée et un poil remontée. " Il faut prendre rendez-vous par Doctolib et appeler, c'est la seule chose à faire, ne pas venir ", tempère avec patience et tact Odile, à l'accueil. Ça ne désemplit pas, encore 200 aujourd'hui et je ne suis pas là tous les jours... Les gens viennent même en avance, préfèrent attendre. Ce matin, il y avait même des gens de Lyon! "

Alors qu'en haut de l'État, on s'efforce d'organiser la collecte et la distribution de millions de doses, sur le terrain, c'est bien souvent l'effervescence qui prime et sans grande rigueur, le chaos n'est pas loin, avouent certains. "De notre côté, tout est OK car nous avons fixé en même temps les rendez-vous la première et la seconde injection rendez-vous", assure un agent de la ville. " Mais certains centres n'y ont pas pensé. Du coup, des rendez-vous sont annulés ici et là et les gens se retrouvent ainsi à courir partout pour se faire vacciner et obtenir une place. Quand il faut attendre septembre sur Martigues, on comprend que les gens viennent ici." Sa collègue confirme. "Il y a eu des ratés de l'ARS aussi. Mais on s'organise avec rigueur. On est à temps plein depuis le début", avoue-t-elle avec fierté en pianotant sur son ordinateur tout en renseignant une octogénaire. Si du côté de Vitrolles, la vaccination ne faiblit pas et le rythme monte crescendo, sur d'autres communes, la situation est bien différente.

Prendre part au dispositif

Des villes n'ont pas encore de centre d'accueil. Pour pallier le phénomène, calmer l'attente et les sollicitations de la population et afin d'être raccord avec les annonces faites par l'État, la ville de Marignane a décidé d'agir. "Nous avons eu l'ARS mais nous n'avons toujours pas d'autorisation", s'impatiente le maire Eric Le Dissès. Par conséquent, on a décidé d'aller de l'avant. On a aménagé l'espace Saint-Exupéry!" 2 infirmiers, 2 docteurs, une zone de conservation des vaccins avec frigo et une zone de repos composent le centre crée en prévision.... Mais pour l'instant vide. Une façon détournée aussi de mettre la pression sur les hauts dirigeants rappelle le maire. "C'est une façon de faire passer le message, oui", avoue- t- il avec malice. " Nous, on est prêt! Prêt à agir! Mais on n'est pas dans le secret des dieux malheureusement. Les gens nous demandent du matin au soir mais on attend désespérément. Pourtant, on est prêt avec les Pompiers, la Croix Rouge et la CPTS..." Une façon de prendre au mot le Gouvernement. Avant, les doses manquaient. Aujourd'hui, on invoque une accélération. Alors Marignane aussi est candidate pour se lancer dans la lutte contre le Covid. Comme bon nombre de villes voisines prêtes aussi à accorder les discours de l'Elysée aux actes communaux...

Matthieu BIGOUROUX