Des "petits bruits" qui lui font font vivre l'enfer au quotidien

MARIGNANE Retraitée et en situation de handicap, Josiane, 74 ans, n'arrive plus à dormir suite au changement de son compteur électrique Enedis  

Derrière l'intervention technique pour résoudre l'éventuel problème électrique de son appartement, il y a surtout un cri d'alerte, un appel à l'aide face à l'isolement. Celui de Josiane, 74 ans, retraitée de la mairie de Marignane, malade et en situation de handicap après une chute. En effet, alors qu'elle imaginait couler des jours heureux après une carrière construite aux services de l'état civil, cette Marignanaise a fait une grave chute en 2019. Sauvée in extremis par les pompiers, contraints de fracturer son domicile pour lui venir en aide, elle restera admise un mois en réanimation. Ses reins sont en mauvais état et le diabète régule alors son quotidien qui se réduit désormais à passer ses journées, et ses nuits, sur une chaise en attendant les soins des infirmiers, Kinés et autres aides à domicile depuis son retour dans son petit T2 qu'elle loue pour 650€ du côté de l'impasse Saint-Pierre. "Je compte bien vivre autrement si un jour je remarche mais c'est compliqué en ce moment avec le Covid pour retrouver mes capacités. J'ai perdu tout ce que j'avais acquis. Je porte des couches et reste sur cette chaise 24 h/24. Je ne vois du coup personne, je n'ai plus d'amis, ni de famille", lance-t-elle en pleurs et à bout de nerfs.

Crise et administration

Car depuis un mois, comme si son quotidien n'était pas assez dur, Josiane ne dort plus. "Un sifflement est apparu au niveau de mon compteur électrique. C'est depuis qu'ils ont mis le système Linky à l'extérieur de la maison. Que j'avais refusé d'ailleurs! C'est constant et ça tape sur le système. Des petits bruits et un sifflement. Je reste sur cette chaise tout le temps alors je n'entends que ça." Ni une ni deux, Josiane multiplie alors les tentatives de mise en relation avec les services compétents. Plombiers, électriciens, agence, dépannage Enedis et autres services clients. "Les interventions tardent et quand j'ai enfin des interlocuteurs, on me dit qu'il faut changer le compteur, qu'il y a une défaillance. Mais ce n'est pas à moi, malade de gérer ça. On m'envoie promener surtout. On n'a jamais les mêmes personnes. On me dit aussi que ce n'est pas vital... "Bref, Josiane est confrontée aux aléas de l'administration française saupoudrée d'une bonne dose de malchance en pleine crise sanitaire. "Après avoir passé une journée entière à appeler, on m'a proposé le 12 janvier puis le 24 décembre entre 13 h et 15 h pour venir voir. Mais ce n'est plus possible. Hier encore, à 1 h 30 du matin j'ai appelé car je n'arrivais plus à dormir. Depuis, je n'entends plus mais ça va revenir. Entre les douleurs, le diabète et le fait d'être seule, c'est trop compliqué...", avoue la retraitée entre deux sanglots, qui souhaite une intervention au plus vite. Derrière son appel, c'est surtout de l'isolement que souffre aussi Josiane et elle ne le cache qu'à demi-mot. "Je ne demande rien. Je paye mon loyer, mes aides à domicile et mes soins. Je voudrais finalement être écoutée. Vous avez vu la situation que je vis. J'encaisse mais je suis impuissante." En cette période de Noël, elle avoue donc qu'un geste de solidarité, un accompagnement seraient les bienvenus. " Quand je remarcherais, je partirais", se reprend-elle plein d'espoir. Nous avons joint les services d'Enedis qui assurent avoir pris contact avec Josiane pour régler le problème et savoir d'où vient ce sifflement. "Nous suivons tous nos dossiers selon des procédures strictes. Dans ce cas précis, même si la sécurité immédiate n'est pas engagée, au vu de la situation sociale de cette personne, afin de la rassurer, nous allons garantir une intervention plus que rapide que ce qui a été proposé pour faire le point", explique Sylvain Gendre, attaché territorial Enedis 13. Avant de rappeler aussi que plusieurs services de mise en relation existent notamment le dépannage 24 h/24 etc. Une façon de garder le contact. Un lien finalement plus précieux que l'on ne le pense en cette période de fêtes...

Matthieu BIGOUROUX