La police traque les cafés qui ouvrent dans l'ombre
Certains gérants ouvrent encore leurs portes aux habitués, en toute discrétion
Le 20 janvier 2021. Voilà la date que connaissent désormais par cœur cafetiers et restaurateurs. Un peu plus d'un mois. Un mois à attendre avant de rouvrir leurs portes au public. Si certains redoutent l'amende et prennent leur mal en patience, d'autres ont décidé de prendre les devants. De braver l'interdit et d'ouvrir leurs portes aux habitués, en toute discrétion.
De l'autre côté de la barrière, les équipes de la Police nationale mènent l'enquête. "Ces ouvertures ne sont pas nombreuses, précise la commissaire Alexia Burgevin. Mais nous en avons découvert plusieurs sur notre zone: à Septèmes-les-Vallons, Plan-de-Campagne, Marignane..." II y a trois semaines, c'est dans le quartier du Jaï que les équipes de la commissaire ont découvert un restaurant en activité. Si l'on imagine plus facilement une ouverture le soir, pour plus de discrétion, certains gérants privilégient le repas du midi. "Nous sommes arrivés en plein service, il y avait du monde", se rappelle la commissaire. La note des clients a été salée: 135€ par personne, sans compter le prix du plat.
La dernière prise date d'il y a une semaine à peine. À Marignane encore, sur le cours Mirabeau, le bar Chez Maïthée profitait du marché du mardi matin pour ouvrir ses portes en douce. A l'intérieur, pas de crime ni de braquage, juste une dizaine de clients venus boire un café au chaud. La loi ne fait pourtant pas d'exception : consommateurs et gérant ont tous été verbalisés de 135€. Si ce dernier récidive, il devra cette fois régler une amende majorée de 375€. À la e infraction, c'est un délit, avec garde à vue et lancement d'une procédure en sous-préfecture. "Nous ne pouvons pas demander une fermeture administrative, complète la commissaire Burgevin. C'est difficile de fermer un lieu déjà fermé! La fermeture administrative concerne seulement les commerces qui ont le droit d'ouvrir, mais qui ne respectent pas le protocole sanitaire."
"Comme pendant la prohibition"
Malgré les efforts déployés, certains commerces échappent encore et toujours aux forces de l'ordre. "De nombreux voisins nous informent de certains bars de nuit ouverts. Seulement, l'entrée est cachée, comme pendant la prohibition. Comme on ne peut pas enfoncer la porte, on ne peut rien faire." Alors les équipes repartent bredouilles, pour retenter, peut-être, le lendemain. "On les a à confirme le commissaire Burgevin. Jusqu'à les avoir la main dans le sac." Vouloir profiter d'une bonne soirée n'a jamais été aussi risqué.
Raphaël KHAYAT