"Urgence impérieuse" autour des berges du canal du Rove

Les pluies diluviennes ont porté un sérieux coup aux talus, entraînant des glissements de terrain  

Les récents épisodes pluvieux, aussi exceptionnels qu'intenses, n'ont pas été sans conséquence sur les berges du canal du Rove.

Il faut, avant tout, rappeler que le site est sous gestion du service annexe des voies navigables (SAVN), service de l'État, qui en a délégué la mission au Grand port maritime de Marseille (GPMM). Ce sont les équipes de ce dernier, qui, en corrélation avec les services de la ville, sont intervenues sur la partie nord du tunnel, suite à plusieurs "désordres" constatés, après les intempéries du week-end dernier.

Un glissement de terrain significatif parmi d'autres

"Les observations, une dizaine, concernent les talus de la tranchée de la berge sud, explique Renaud Paubelle, directeur de l'aménagement auprès du GPMM. Il s'agit de glissements de terrain, dont un significatif rue Jean-Monnet. On estime à 2,20 mètres le creux sous la route. Le glissement n'est pas localisé, on parle de 'grand glissement, allant jusqu'au canal". Les faits se sont produits dans la nuit de dimanche à lundi, les fortes pluies ont provoqué une rupture de canalisation, le surplus d'eau aura fait son oeuvre.

"Une grosse portion a glissé du talus, entre 80 et 100 mm3", reprend Renaud Paubelle, complété par Philippe Kramer, le directeur des services techniques de la commune : "Cet espace devait déjà faire l'objet d'un confortement, nous savions qu'il y avait des risques de glissement, des consultations de travaux étaient en cours." Les offres étaient d'ailleurs attendues à la fin de la semaine. "Ce qui a permis aux équipes d'être très réactives, rajoute le DGS. Les instruments étaient déjà installés, à l'instar des inclinomètres."

Leur rôle étant de déterminer à quelle profondeur la terre a bougé. Car, il y a ce qui est visible en surface, mais surtout ce qui se passe dessous.

Dès lundi, grâce à ces appareils, et l'intervention d'un géotechnicien, un périmètre de sécurité a été établi. La zone sera amenée à évoluer selon les nouvelles informations récoltées. Ces mesures immédiates de sauvegarde sont assorties d'une interdiction de circulation sur une partie de la route qui sépare les habitations des berges du canal, car celle-ci se retrouve en lévitation. La portion de terrain concernée s'étale sur 120 mètres de large, pour 9 à 20 mètres de profondeur.

De nouveaux suivis - dont le protocole est en cours d'élaboration - sont déjà programmés en fin de semaine, voire début de semaine prochaine. "Le terrain peut continuer à bouger, l'eau désolidarise la matière, ce qui augmente le risque de glissement, indique Renaud Paubelle, il y a donc tout lieu de prendre un certain nombre de mesures pour réduire le risque d'aggravation. Le GPMM et le SAVN mobilisent actuellement une entreprise, en invoquant l'urgence impérieuse, (dans ce cas dérogatoire, pas d'appel d'offres Ndlr) pour bloquer le pied de la portion de talus, réduire le poids que supporte la zone - en coupant des arbres Ndlr - et mettre en place d'autres mesures. Notre mission est de réduire le risque d'aggravation à son maximum." Ont déjà été évoqués notamment l'aménagement de deux exutoires afin d'écouler les eaux de pluie autour du périmètre, ou encore l'installation d'une butée, voire de remblayer localement le canal. Les pistes à emprunter seront analysées dans les jours à venir.

Les berges interdites

Pour l'heure, une seule habitation - un préfabriqué - est concernée, si le terrain venait à glisser elle serait emportée, aussi la mairie a signé un arrêté visant à évacuer l'habitant. "C'est une question de sécurité", souligne l'édile, Éric Le Dissès. Des dispositions indispensables l'hiver arrivant, charriant peut-être d'autres épisodes pluvieux conséquents.

"On est confronté à une situation très particulière, prévient Renaud Paubelle, on essaie de comprendre ce qui se passe afin de cantonner le risque à une fraction maîtrisable. La Ville, la Métropole, le GPMM, les gestionnaires de bureaux d'études, l'État, les entreprises... Tout le monde est réactif mobilisé."

D'autre part, l'autre berge connaît aussi son lot d'altérations : ravines, fractures dans le sol, glissements de terrain ont été identifiés, certains faisant état d'une aggravation suite aux pluies, ils font également l'objet de suivi. De fait, la capitainerie du port de Marseille Fos interdit la navigation sur la section du canal, tandis que la mairie interdit l'accès total aux berges, et enjoint à respecter ces consignes de sécurité.

Chanaël CHEMIN

Chanaël CHEMIN la Provence - samedi 7 décembre 2019
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