Le St-Exupéry veut casser les clichés sur l'autisme

Le cinéma a projeté le film " Hors normes" aux côtés de l'association Ted Attitude. L'occasion de traiter avec justesse ces troubles du comportement  

Les yeux embués, la gorge serrée, le film "Hors Normes" diffusé au cinéma Saint-Exupéry n'aura pas laissé le large public indemne à l'issue de cette projection proposée conjointement par l'association "Ted Attitude" en partenariat avec le cinéma Saint-Exupéry et le ciné-club Paradisio de Marignane.

Sur le thème de l'autisme, le film "Hors normes", d'Olivier Nakache et Eric Tolédano met en lumière la question de la prise en charge de l'autisme et raconte, notamment, le combat des parents, des familles. Leur solitude aussi face à une société sans pitié.

Président de l'association "Ted Attitude" créée par des parents d'enfants autistes, Christian Drui s'est trouvé dans le droit fil des réalisateurs de ce film où la question de l'autisme sévère est abordée de façon positive : "On peut faire quelque chose de ces jeunes, rien n'est perdu". Et ce que démontre aussi ce film : c'est à quel point les associations sont des vecteurs d'innovation. Il ne faut pas attendre des pouvoirs publics mais croire à l'opiniâtreté des parents".

Un appel à reprendre le militantisme "grâce auquel on est parvenu à faire reconnaître l'autisme comme un handicap et non plus comme une maladie mentale" ont également expliqué de nombreux parents dans la salle lors des échanges après le film.

Un combat quotidien

"Selon moi, il fallait oser parler de ceux dont la société ne veut pas, qui se font virer de l'école, des instituts médico-éducatifs, voire des hôpitaux psychiatriques pour des problèmes de comportements", raconte cette maman venue spécialement du Vaucluse pour assister à cette soirée et expliquer son désarroi.

Parents d'enfants autistes, s'apparente à un véritable combat, comment trouver des réponses face à l'hermétisme d'une administration par trop rigide qui oblige parfois à se retrouver devant les tribunaux "Une fois que le médecin a diagnostiqué que votre enfant est autiste, on sort de son cabinet anéanti et c'est le désert qui s'ouvre devant vous" développe cette spectatrice d'origine québécoise. "Constater que ces personnes existent, que la société les laisse tomber, qu'une association est seule contre les pouvoirs publics et de surcroît s'offusquer du manque d'agrément. Une vraie tartufferie ! Comment peut-on accepter une telle maltraitance en 2019 sur le territoire français ?"s'offusque une autre.

Des mots chocs pour un film qui l'est tout autant et dont l'un des mérites et non le moindre "sera de faire bouger les choses et déplacer les bornes de l'indifférence, je l'espère en tout cas" veut croire Géraldine Fretz présidente d'une association marignanaise d'assistantes maternelles "Les Maries Poppyn's des Temps Modernes" et également maman d'un enfant épileptique. "Je me suis entièrement retrouvé dans ce film, qui m'a bouleversée, la problématique de ces éducateurs c'est la nôtre dans le quotidien de notre équipe d'assistantes maternelles formées pour accueillir des enfants porteurs d'un handicap que les instituts nous confient parce que personne ne veut les accueillir".

"Ce film, ces échanges cela pourra peut être en tout cas faire avancer les choses, au moins un peu, c'est notre souhait en tout cas avec André Soto directeur du cinéma" devait pour sa part conclure Claude Ferrey, membre du ciné-club Paradisio dont la prochaine soirée devrait tourner autour de l'affaire Dreyfus avec "J'accuse" dernier film de Roman Polanski pour un nouveau débat qui ne devrait pas non plus manquer d'intérêt.

C.M.