L'apocalypse en pleine ville

Dans la nuit de samedi à dimanche, l'équivalent d'un mois de pluie s'est abattu sur la commune. En quelques heures, le passage de la tempête Amélie a créé la panique dans plusieurs quartiers situés notamment au sud de la ville. Caves inondées, routes impraticables, coulées de boue etc. Les pompiers ont dû intervenir plus de 250 fois en quelques heures. Une réunion a lieu ce matin en mairie pour déclarer l'état de catastrophe naturelle. Une procédure primordiale pour accélérer les éventuelles prises en charge des sinistrés encore sous le choc.  

Ce samedi, Météo France avait placé en vigilance jaune le département pour fortes pluies, orages et inondations. Le préfet Pierre Dartout avait aussi appelé à l'extrême prudence. Des précautions qui auront été salvatrices suite au passage éclair mais plus qu'intense de la tempête Amélie sur la commune de Marignane.

Si heureusement aucune victime ne serait à déplorer selon les autorités compétentes, les dégâts matériels, eux, sont en revanche immenses et bon nombre de Marignanais sont encore sous le choc ce matin suite à la nuit d'enfer qu'ils ont vécu samedi soir.

Des rafales de vent mesurées à 150 km/h

En effet, c'est sur les coups des 22 heures que les premières précipitations apparaissent sur la commune. Mairie, services techniques, police municipale, comité feux ou bien encore pompiers sont sur le qui-vive pour prévenir des risques. Si une accalmie se fait sentir en fin de soirée, la pluie et le vent redoublent finalement d'intensité aux alentours d'1 h du matin. Et l'épisode climatique va cette fois s'intensifier pour mettre la ville et en particulier ses quartiers sud sens dessus dessous... "On a entendu les premières pluies à 22 h mais ça s'est arrêté alors on est allé se coucher", avance André, un retraité habitant avenue de Lacanau. " Mais finalement on n'a pas réussi à s'endormir et à 1 h du matin, là c'est revenu encore plus fort jusqu'à 4 h du matin. Ma femme m'a averti que ça tombait fort alors je suis descendu voir aux garages et là... 63 cm d'eau! Du jamais vu", explique le vieux monsieur un balai à la main.

Ses deux garages sont inondés en quelques heures comme les jardins d'une, de deux, de trois maisons mitoyennes. Et le scénario se répétera en à peine quelques heures dans les immeubles d'en face, les garages, égouts, trottoirs des alentours. "Il est tombé l'équivalent d'une année de pluie en à peine quelques heures avec des rafales de vent montant à plus de 150 kmlh", expliquent les services de Météo France.

Bref, tout déborde en ville. Les flots ont emporté avec eux les déchets sur leur passage, bloqués ensuite à l'entrée d'un égout, d'une zone de travaux. Le phénomène est connu. Les déchets stagnent, un barrage se crée les inondations se mettent en place comme un plan diabolique. Les services de la ville sont à pied d'oeuvre depuis des heures pour nettoyer, protéger le moindre trou de chaussée.

Du côté d'André, son fils et des voisins sont venus lui donner un coup de main. Sortir les outils, éponger, raclette dans une main tout en soulevant un tuyau dans l'autre. " Les deux voitures sont H.S. Il y avait eu la tornade en 99, la voiture était neuve à l'époque, ça avait été mais là c'est noyé. C'est la fatalité", analyse-t-il simplement.

Non loin de là, au rond-point de l'avenue, c'est cette fois dans l'épicerie du coin qu'un drôle de bruit s'en dégage. Les membres du comité communal des feux de forêts sont venus prêter mains fortes aux pompiers avec leurs pompes qui aspirent depuis de longues minutes le torrent de mètre cube qui s'est invité sur place. " On n'a pas mangé, ni bu, ni dormi depuis hier 22 h. On aide les pompiers à évacuer les victimes. Tout le monde est mobilisé. On prend le relais car il y a à faire. Nous, on peut se déplacer avec notre 4x4 donc on en profite car il y a des routes bloquées avec la boue, les eaux, ça déborde par endroits. Heureusement, pas de victimes à déplorer mais la nuit a été courte et la journée n'est pas finie", explique entre deux consignes données à ses équipes, Franck Rodriguez, responsable du CCFF de Marignane et. " Il y a le pompage maintenant à faire. On a évacué les particuliers aux services techniques de la ville, un lieu sécurisé mais c'est vrai il y a encore du boulot. La clinique n'a pas arrêté son activité mais a été durement touchée tout comme la cave viticole et plusieurs quartiers de la ville. On a fini ici mais après on va voir où on a besoin. On va un peu partout."

Avenue de Lacanau, avenue du 8 mai 1945, quartier de la Ponsarde, zone pavillonnaire jouxtant le Raumartin, le quartier de la Cadière et son école qui a fait tant débat car située en zone inondable etc. Les lieux changent mais le constat reste le même : c'est la désolation à partir de 5 h, heure avérée de la décrue. Les lignes de boue horizontales se sont invitées sur les murs blancs de plusieurs villas marignanaises. Les tas de déchets jonchent aussi les entrées des maisons d'où un étrange balai de tuyau rouge apparaît.

Des services publics au chevet des habitants

Les pompiers, tels des métronomes sillonnent les lieux, vont de maison en maison, de garage en cave avec leur camion de pompage pour encore et encore aspirer le moindre litre d'eau. Ils étaient encore une centaine hier en fin d'après midi. Une procédure longue et fastidieuse tant l'orage a été intense et a surpris (comme à chaque fois ?) tout le monde. Une procédure qui se poursuit encore ce matin. Sous les yeux des habitants encore sous le choc mais qui n'ont pas perdu leur solidarité pour autant. " Faites attention, il y a un trou, ça glisse et y'a de la boue. Je reste là pour prévenir les gens qu'il faut éviter cette zone du trottoir. Je serais là demain aussi", explique un drôle de monsieur se sentant investi d'une mission. Une mission presque divine hier tard encore dans l'après-midi comme pour mieux rappeler que chacun reste mortel face à la colère des dieux, des cieux a bien frappé la ville.

La commune de Marignane qui s'est réveillée avec de drôles de stigmates mais qui a décidé d'agir au plus vite (lire encadré ci-contre). Une façon de panser ses plaies face au destin qui a basculé en une nuit à peine. Nous rappelant à notre petite existence...

Matthieu BIGOUROUX


RÉUNION DE CRISE ET ANTICIPATION

C'est samedi soir que le maire de la ville a décidé de monter au front face au phénomène climatique et la décision n'a ensuite pas tardé à tomber du côté de la mairie. "La pluie a débuté à 22 h alors nous avons décidé de mettre en alerte tous les services compétents. Sur le terrain, une cellule de veille a été mise en place à 2 h. Nous étions notamment en étroite collaboration avec la préfecture avec laquelle nous avons décidé de créer une cellule de crise cette fois car les dégâts ont été considérables dans de nombreux quartiers de la ville. Il n'y a pas eu de blessés mais beaucoup de sinistres. Une autre réunion aura donc aussi lieu ce matin afin de déclarer au plus vite l'état de catastrophe naturelle", a annoncé Éric Le Dissès, le maire de la ville. Une procédure primordiale pour accélérer la prise en charge des sinistrés.

M.B.


DES POMPIERS AUX AGUETS

Depuis samedi soir, les brigades du SDIS 13 sont sur tous les fronts suite au passage de la tempête Amélie sur le département. Pas moins de 260 interventions ont été enregistrées sur les communes du territoire. Plus de 510 sapeurs-pompiers, sauveteurs en eaux vives etc venus de tout le département ont été mobilisés sur l'épisode climatique. Entre 23 h 30 samedi et 3 h du matin hier, ils sont intervenus 180 fois pour sécuriser les habitants pris au piège des eaux. Aucune victime ni blessé important ne serait cependant à déplorer suite aux inondations. Au plus fort de l'action, 120 sapeurs-pompiers ont tout de même été mobilisés seulement pour l'activité due aux intempéries qui ont balayé les communes. Encore aujourd'hui, des actions de pompage ont lieu un peu partout suite à la décrue des eaux. Les axes de circulation ont aussi été endommagés et ont finalement pu être rétablis qu'en milieu de journée hier. Notamment sur l'A7 où six véhicules ont été abandonnés par leurs conducteurs à hauteur de Vitrolles. Certains quartiers de Marignane ont aussi été privés d'électricité et ont cumulé 50 mm d'eau en 3 heures. Les quartiers sud et notamment les axes proches des rivières Raumartin et Cadière ont été les plus touchés. Avenue du 8 mai 1945, quartier Ponsarde ou bien encore avenue de Lacanau, de Lattre de Tassigny et avenue de la Première Armée ont nécessité des interventions de pompage conséquentes pour dégager les mètre cube de pluie. Tout comme la clinique de Marignane dont les sous-sols ont été inondés avec plus d'un mètre d'eau. L'activité n'a cependant pas été arrêtée. Les pompiers appellent à la plus grande vigilance suite à une météo qui pourrait être encore capricieuse ces prochains jours.

M.B.

Matthieu BIGOUROUX la Provence - lundi 4 novembre 2019
Matthieu BIGOUROUX la Provence - lundi 4 novembre 2019
Matthieu BIGOUROUX la Provence - lundi 4 novembre 2019

E-mail

  • Groupe Marignane Info

    Groupe Marignane Info

    Le site internet de la ville de Marignane qui vous donne la parole et l'image.

    • Prix de l'information par internet
    • Trophée des associations de commerçants
    • En ligne depuis 2002
  • Service & Gratuité

    Service & Gratuité

    Icon TrainerListing des commerces

    Icon Fitness LevelsReportages pour les associations

    Icon SmoothieLa mémoire de Marignane archivée

  • Rêvons notre ville et construisons la!

    Rêvons notre ville et construisons la!

    Marignane est devenue au fil des années une ville sans âme, privée de vie, privée d’animations, sale, désertée. Elle a connu ses heures de gloire, elle fut pendant longtemps une ville admirée, enviée par ses voisins. Mais peu à peu, l’usure d’un pouvoir trop longtemps en place, l’incompétence, et puis cette fatidique année 2008 ont eu raison d’elle.

UA-69538031-1

recherche Marignane