Le 7e art comme outil de lutte contre les phobies scolaires

Le cinéma ST-Ex a accueilli les membres de la clinique l'Escale. Le temps d'une projection et d'un débat, le but était d'utiliser le cinéma pour redonner espoir à des jeunes en marge du système éducatif

Le 7^e art comme outil d'émancipation. C'était un peu le mot dernièrement du côté du cinéma marignanais Saint-Exupéry. "Il y a un cinéma pour passer le temps et un autre pour le comprendre et je pense que tous les types de cinémas ont le mérite de notre attention. Un film peut exercer une fonction de révélateur du mal-être social et je crois que cette séance proposée en collaboration avec des responsables de la clinique l'Escale en est la parfaite illustration", expliquait André Soto directeur du cinéma après la projection du film "La vie scolaire". Réalisé par l'artiste Grand Corps Malade et son ami réalisateur Mehdi Idir, ce long-métrage relate la vie autour de la scolarité pendant une année dans un collège réputé difficile en région parisienne, à Saint-Denis plus précisément. 'Nous avons pensé que la projection de ce film entrait parfaitement dans le cadre du dispositif 'Escole' mis en place à la clinique 'L'Escale' où nous accueillons des adolescents (es) en situation de handicap ou rencontrant de grandes difficultés psychiques", expliquent Messaoud Mellal, coordonnateur socio-éducatif et Mathieu Fabert, infirmier à l'origine du projet. Une première pour un dispositif mis en place en partenariat avec l'inspection académique Aix-Marseille visant à des engagements réciproques au service des adolescents (es) en situation de handicap ou rencontrant de grandes difficultés psychiques ne leur permettant pas de suivre une scolarité en classe ordinaire.

Parmi les jeunes accueillis à la clinique située à Saint-Victoret, nombreux sont désireux d'apprendre, mais ressentent une angoisse massive, incontrôlable face aux établissements (collèges, lycées) et à l'environnement scolaire, qui les met dans l'incapacité de se rendre en cours. La phobie scolaire représente 5% des motifs de consultation en pédopsychiatrie. Elle atteint les garçons comme les filles, les bons élèves comme les moins bons, et toutes les catégories socioprofessionnelles. Aussi, à travers, les différentes données et observations, le décrochage scolaire est également un facteur d'isolement dans le futur.

Après la diffusion du film, salué par les applaudissements des spectateurs, la parole s'est engagée. "J'ai été très émue par le film" affirme Noria. "Je m'y suis vue à une époque où je faisais n'importe quoi à l'école", avoue-t-elle. De son côté Kamel Karchaou, professeur d'histoire géographie au collège Massenet à Marseille a expliqué aux spectateurs "qu'ils vivaient les moments les plus importants qui détermineront le restant de leur vie et démystifier les sections professionnelles injustement ravalées à tort au rang inférieur." Adil Hamzaoui, conseiller principal d'éducation (CPE) au lycée la Calade à Marseille était aussi présent, venu affirmer toute la détermination de l'éducation nationale pour leur réussite. " Avec tous vos professeurs nous sommes à l'écoute de vos difficultés scolaires et personnelles et nous nous évertuons à apporter les réponses nécessaires". C'est lui qui aborda également le problème du harcèlement à l'école soulevant de nombreuses réactions et témoignages du jeune auditoire. La projection du film "La vie scolaire", dans lequel Yanis après avoir renoncé à toute ambition, se reprend grâce à l'équipe pédagogique et envisage un avenir meilleur, est sans doute apparu comme un moment de réflexion pour les résidents de la clinique l'Escale.

C'est en tout cas le sentiment qui prévalait à l'issue de cette projection cinématographique et les messages d'encouragement d'Alexandre Hayek et Emmanuel Lazerges, deux psychiatres de l'établissement sont apparus comme autant de messages d'espoirs. " A l'image de certains de nos anciens de l'Escale dont une jeune fille aujourd'hui devenue photographe professionnelle nous sommes certains que vous avez le potentiel pour décider de votre avenir."

C.M.