Étang de Berre : la contre-attaque

Les 10 villes riveraines de l'étang, rassemblées au sein du Gipreb, lancent une plainte contre l'État pour dénoncer "l'inaction"  

Ce n'est pas un retour de vague, mais presque. Un gros coup de houle en tout cas. Un tsunami de colère. Comme une vigie, le Gipreb (Gestion intégrée, prospective et restauration de l'étang de Berre), chargé des études scientifiques de cette immense masse d'eau salée, a pris la mouche. Vent debout sur un air de catastrophe écologique pour "son" étang. Car si on avait observé quelques signes positifs jusqu'à l'été 2018 de la muerte, avec une qualité sanitaire de l'eau plutôt bonne, le retour de quelques zostères et même une autorisation pour la pêche à la palourde, le vent a tourné méchamment ! Avec les 10 villes riveraines de l'étang de Berre, unanimes, le syndicat mixte a décidé de porter plainte contre l'État. Une action juridique pointant du doigt "la dégradation de l'étang et le non-respect de la législation européenne" dans les mains de Maître Corinne Lepage, du cabinet Huglo-Lepage, qui a porté la colère auprès du tribunal administratif de Marseille "pour insuffisance des mesures prises par les autorités locales et nationales pour atteindre le bon état écologique des eaux de l'étang de Berre".

Une réunion hier matin, à la sous-préfecture d'Istres, avec la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), la Dreal (Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) ou encore l'Agence de l'eau devant les représentants des communes, aura mis le feu aux poudres. "Les services ont confirmé que l'État s'engageait dans une démarche visant à retarder encore la réhabilitation de l'étang, dans le seul but d'éviter une amende et des astreintes journalières de l'Europe", s'élève le syndicat.

Cimetière de poissons...

Dans le viseur, cette étude commandée par l'État pour "la constitution d'éléments nécessaires à la rédaction d'un argumentaire justifiant un objectif moins strict au sens de la directive européenne sur l'eau pour le complexe de l'étang de Berre". Comme un affront qui fait souffler le vent de la discorde.

Pour faire court, une Directive cadre sur l'eau (DCE) impose d'"atteindre le bon état écologique avant 2027 pour l'étang de Berre". Un État qui n'atteint pas ses objectifs est passible de pénalités financières. Sentant le vent mauvais, l'État tente d'abaisser donc les fameuses exigences sur fond de "faisabilités techniques" ou "de coûts disproportionnés". Ou de passer entre les mailles du filet via une dérogation auprès de la Commission européenne autour des éléments de qualité moins ambitieuse. "Une situation insupportable", crie le Gipreb qui contre-attaque donc en justice. Même pas une surprise après des SOS depuis des lustres, de cette instance présidée par Serge Andréoni, qui avait déjà voté une motion adressée à l'État, l'an dernier, pour lui demander de prendre des "mesures immédiates", notamment la remise en circulation de l'eau marine au travers du tunnel du Rove pour oxygéner l'eau. Un combat éternel réclamé à cor et à cri par les associations pour la sauvegarde de l'étang de Berre, mais aussi des députés des circonscriptions concernées - Jean-Marc Zulesi (LREM), Éric D iard (LR) et Pierre Dharréville (PCF) - dans une union sacrée pour le coup.

Sauf que la réalité de l'étang est un cimetière de poissons qui s'annonce à nouveau. Les centaines d'espèces, sur le flanc, asphyxiées du côté du rivage de l'étang du Bolmon (La Provence du 1er juillet) s'annoncent comme un nouveau mauvais présage. Une nouvelle crise d'anoxie après déjà le cauchemar de l'été dernier. Une absence d'oxygène en somme qui a entraîné une mortalité de tous les organismes vivants sur les fonds de l'étang de Berre. Alors que l'Agence française pour la biodiversité a tiré la sonnette d'alarme lundi autour du Bolmon, le voisin, la (nouvelle) crise écologique avec un bloom phytoplanctonique (excès de nitrates dans l'eau entraînant une prolifération d'algues excessives) fait craindre le pire. Les spécialistes ne font pas de mystères : en ce début d'été, l'étang est mal barré avec un phénomène des "eaux noires", parties pour revenir. "A partir de 4 mètres, il n'y a déjà plus d'oxygène, confesse-t-on au Gipreb. D'ici la fin de semaine, on risque de voir à nouveau des poissons morts dans l'étang." Pas de vent annoncé, température caniculaire, un cocktail détonnant, avant une nouvelle réunion au sommet le 12 juillet qui devrait faire de nouvelles vagues à Istres... Une triste réalité, loin du doux rêve d'un étang candidat au patrimoine mondial de l'Unesco...

Pascal STELLA Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Pascal STELLA la Provence - jeudi 4 juin 2019

E-mail

  • Groupe Marignane Info

    Groupe Marignane Info

    Le site internet de la ville de Marignane qui vous donne la parole et l'image.

    • Prix de l'information par internet
    • Trophée des associations de commerçants
    • En ligne depuis 2002
  • Service & Gratuité

    Service & Gratuité

    Icon TrainerListing des commerces

    Icon Fitness LevelsReportages pour les associations

    Icon SmoothieLa mémoire de Marignane archivée

  • Rêvons notre ville et construisons la!

    Rêvons notre ville et construisons la!

    Marignane est devenue au fil des années une ville sans âme, privée de vie, privée d’animations, sale, désertée. Elle a connu ses heures de gloire, elle fut pendant longtemps une ville admirée, enviée par ses voisins. Mais peu à peu, l’usure d’un pouvoir trop longtemps en place, l’incompétence, et puis cette fatidique année 2008 ont eu raison d’elle.

UA-69538031-1

recherche Marignane