L'étang de Bolmon toujours au bord de la crise de mer

Si l'épisode de canicule doit s'estomper à partir d'aujourd'hui, l'interdiction d'accès au site est toujours en vigueur, le temps de dégager les nombreux poissons morts qui y flottent en surface  

C'était un peu la désolation hier matin du côté de la balade familiale du Jaï. Pas de cris de bambins qui retentissent du côté du jardin d'enfants, ni de parents qui contemplent paisiblement l'horizon des bords de l'étang de Bolmon, et ses forêts de bambous et d'herbes hautes. Non, simplement une odeur de poisson pas frais, une odeur pestilentielle surtout. L'épisode caniculaire de ces derniers jours a laissé ses stigmates encore visibles hier matin.

 

Interdiction d'accès toujours en vigueur

En effet, carpes, mais aussi muges (ou mulets), trônent le ventre à l'air, en état de décomposition un peu partout sur l'arrière de l'étang, côté parc des sports et des loisirs. Une cellule de crise a été mise en place par la mairie de Marignane ce week-end suite à la découverte de plusieurs centaines de poissons morts asphyxiés.

Un phénomène récurrent par forte chaleur mais qui surprend toujours. "C'est vrai que ça sent fort. C'est comme ça lorsqu'il fait chaud... Les poissons meurent", constate avec flegme un riverain. "Dès 8h du matin, nous avons décidé de fermer l'accès à l'étang côté canal, par principe de précaution car un parc pour enfants est à proximité des lieux", expliquait, un peu désabusé, le maire de la ville, Éric Le Dissès. "L'objectif est de garantir aussi la sécurité des cygnes qui viennent sur l'étang et de trouver des solutions pour agir."

Hier matin, une famille de pêcheurs bien connue de la zone et habituée "à se remonter les manches" a débuté les opérations de récupération des cadavres de poissons. Une étape fastidieuse tant avec le courant et les jets d'eau installés la veille pour disperser les poissons morts des rivages et éloigner les cygnes, les cadavres sont en effet disséminés un peu partout. "C'est vrai que ça fait bizarre. On vient tous les midis prendre notre pause repas ici. Aujourd'hui, c'est plus que calme. Il n'y a personne, ni sur les rives ni au parc pour enfants. Les cygnes ne sont même pas là pour récupérer un petit bout de pain. On nous a dit de ne pas trop s'approcher. La couleur de l'eau est bien verte, jaune... Ce n'est pas comme d'habitude et ça sent fort!", se questionne alors Anthony, un Marignanais.

Une nouvelle réunion

Si les cadavres sont principalement situés sur l'arrière de l'étang, c'est avant tout l'oxygénation générale des lieux en période de chaleur qui pose de plus en plus de problèmes. "Les poissons vont chercher l'oxygène en amont, vers la Cadière. Par effet de groupe, ils s'écrasent et s'asphyxient", explique un autre riverain de la zone. "Mais c'est surtout le manque d'entrée d'eau, de débit, pour réguler tout ça qui fait défaut...", poursuit-il à demi-mot.

Derrière ces mots, un vieux serpent de mer : la réouverture du tunnel du Rove qui permettrait d'apporter un surplus d'eau.

"Une métamorphose du site. On le dit depuis des années mais rien ne bouge. Les ministres se succèdent mais le projet n'avance jamais. Le dernier en date nous expliquait que ce n'était pas la peine, il y avait du Mistral! Qu'ils viennent sur site au lieu de gérer ce dossier comme des technocrates parisiens", avouait non sans colère Éric Le Dissès.

En attendant, une nouvelle réunion a eu lieu hier après-midi entre les pécheurs et les services techniques de la ville pour faire avancer les opérations de nettoyage. Les rives de l'étang sont toujours interdites au public aux abords de l'étang comme la pêche et la baignade sur la totalité de l'étang et ça depuis toujours...

Matthieu BIGOUROUX