Pas de rentrée 2019 pour l'école de La Cadière

Située en zone inondable de risque fort, les parents viennent d'apprendre qu'elle fermait  

Animation anormale jeudi soir après la sortie des classes de 16 h 30 à La Cadière. Papas et mamans récupèrent leurs enfants mais ne partent pas. Ils ont été convoqués en assemblée générale des parents d'élèves et arborent un coeur rouge, symbole de leur soutien à cette école qui a fêté ses 70 ans. Seulement voilà, septembre 2018 a vu la dernière rentrée dans cette maternelle. Et ça, les parents, ne l'envisageaient pas à ce moment-là.

Il y avait bien quelques rumeurs "mais chaque fois que nous interrogions le maire, assurent les parents d'élèves délégués, il balayait ça d'un revers de la main et assurait qu'il n'y aurait pas de démolition avant la reconstruction d'une autre école." Pourtant, le couperet est tombé, insidieusement selon ces derniers, qui affirment avoir eu confirmation de la fermeture de l'école lorsqu'un parent a demandé, en vain, une dérogation pour y mettre son petit. "Des enfants qui ne rentrent pas, c'est le péril d'une école." Les parents délégués rencontrent le maire le 24 mai qui confirme que l'établissement est passé d'une position en zone inondable de risque modéré à fort. "Il nous a montré un courrier de la préfecture datant du 26 avril dernier précisant que les résultats de l'étude de zonage lui avaient été transmis en décembre 2018, alors pourquoi ne pas avoir anticipé?" "C'est un courrier adressé à tous les maires, je ne l'ai pas lu, convient Éric Le Dissès, et mes services ne s'y sont pas attardés, nous attendions confirmation." Confirmation arrivée donc le 26 avril. Le maire considère désormais qu'il est "impossible d'y faire entrer les enfants". Il envoie donc un courrier aux parents en leur proposant de fermer deux classes (celles qui sont en risque fort), de les transférer à Hélène-Boucher et suggère aux parents de faire des demandes de dérogations pour placer les écoliers des deux autres classes ailleurs ou bien de les maintenir à La Cadière mais en signant une décharge. Deux options balayées par les parents jeudi soir :" C'est au maire de prendre ses responsabilités, pas à nous de faire un choix grâce duquel il pourrait ensuite se défausser."

Sauf que de choix, il n'y en a plus depuis hier matin, quand Eric Le Dissès a appris que même la signature d'une telle décharge ne le dédouanerait pas de ses responsabilités en cas d'inondations :" C'est réglé, l'école fermera." Pourquoi opter pour une destruction de l'école plutôt que sa mise en sécurité?

En décembre 2017, la Ville a signé un traité de concession d'aménagement pour la place de l'Olivier et le secteur des Bruyères, zone dans laquelle se trouve l'école. En clair, elle confie à un aménageur public, Area, Agence régionale d'équipement et d'aménagement Paca, (dont la Ville est actionnaire) "la réalisation d'une opération d'aménagement comprenant des immeubles de logements neufs et des parkings", notamment pour "compléter l'offre de stationnement nécessaire à l'opération Place de l'Olivier." Le maire savait donc déjà, en décembre 2017, qu'à terme l'école de La Cadière était condamnée, inutile donc, de chercher à la sécuriser: "Oui, parce qu'elle était, alors, en zone inondable modérée et qu'elle n'est plus aux normes." Ce qui interroge doublement sur le manque d'anticipation: "Je n'avais pas les moyens de faire sortir une école de terre." Ce sont finalement "45 logements dont 10 sociaux qui se dresseront bientôt à la place de La Cadière "et sur la zone de risque fort, "ce seront des espaces verts ou un bassin de rétention."

En attendant la maternelle Chave...

D'autres secteurs de la Ville sont d'ailleurs placés en risque fort aux inondations "mais aucun bâtiment communal", assure Jean-Jacques Roux, directeur général des services. Les 84 élèves vont donc vivre leurs deux dernières semaines à l'école de La Cadière. À la rentrée prochaine, les enfants dont les parents n'auront pas sollicité de dérogation, iront à Hélène Boucher "où une salle vide accueillera une classe, une autre classe sera créée et un préfabriqué installé dans la première petite cour." Une école dont les effectifs vont grimper en flèche et du provisoire qui risque de durer puisque la livraison de la future maternelle Chave (qui soulagera Hélène- Boucher) n'est pas prévue avant 2023.

Audrey LETELLIER

Audrey LETELLIER la Provence - samedi 22 juin 2019
Audrey LETELLIER la Provence - samedi 22 juin 2019

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