Le camp de caravanes rasé par la violence des flammes
L'incendie qui a brûlé trois hectares de terrain dimanche a mis à la rue une centaine de personnes
Hier, à midi, aux abords du rond-point du Bricard, l'odeur de brûlé était encore forte. Pas de fumée visible, et pourtant, de nombreux camions-citernes de pompiers arrosaient abondamment les débris et les carcasses calcinés. Il ne reste plus rien du camp de caravanes, parti en fumée dans un spectaculaire incendie qui s'est déclaré dimanche, à 17 h, bien aidé par les rafales de mistral qui soufflaient à plus de 100 km/h. Il aura fallu l'intervention de 120 pompiers et de 35 véhicules pour venir à bout du sinistre, vers 20 h 30, dimanche.
Entre-temps, une vingtaine de caravanes, une quinzaine de véhicules et divers stockages ont brûlé, dont de nombreuses bouteilles de gaz. Aucun blessé au sein des habitants du camp n'a été recensé, mais deux pompiers ont été légèrement blessés dans l'incendie de leur véhicule d'intervention.
Hier midi, des agents de la police municipale postés autour du rond-point du Bricard veillaient à ce que les habitants qui avaient pris la fuite à cause des flammes ne reviennent pas sur les lieux du sinistre. À 100 m du camp calciné, ils étaient une vingtaine à attendre, adossés à leur camion rempli d'un peu de leur vie emportée à la hâte.
"Hier (dimanche NDLR), j'étais à la messe à Marseille. En revenant j'ai reçu un coup de téléphone de quelqu'un du camp, qui me disait que tout était en train de brûler, confiait un Rom, hier, l'un des rares à avoir accepté de nous parler. On n'a pas pu sauver grand-chose, c'est allé tellement vite. Et là on attend une réponse du maire. On ne sait pas où aller."
Présent sur les lieux de l'incendie dimanche soir de 17 h à 21 h, Éric Le Dissès a organisé une réunion d'urgence en mairie, hier matin, en présence, notamment, de deux assistances sociales du Département et de quatre personnes du camp. Les services sociaux du Département vont s'occuper des enfants (une soixantaine). Des relogements ont été proposés mais la plupart des familles n'en veulent pas, préférant retourner vivre sur leur campement. Pas question pour le maire, pour qui le terrain est trop dangereux à cause des substances toxiques et de l'amiante.
Éric Le Dissès s'est engagé, à partir d'une collecte privée, à fournir des habits et des fournitures scolaires aux enfants. Une visite guidée avec la police va être proposée aux sinistrés aujourd'hui afin qu'ils récupèrent ce qui peut l'être. Puis le terrain sera condamné. Où iront-ils ensuite? Tout laissait penser, hier soir, qu'un autre terrain ait été trouvé à quelques kilomètres de Marignane.
Restera, aussi, à éclaircir l'origine de l'incendie. Accidentelle ou criminelle? Rappelons que le terrain sur lequel vivaient les Roms appartient au Département et a été l'objet d'un long feuilleton judiciaire. Une procédure d'expulsion avait été engagée en 2013 par l'institution devant le Tribunal de grande instance d'Aix pour occupation illicite du lieu. Une expulsion sans délai avait alors été demandée.
Mais les Roms sont restés, arguant qu'ils n'avaient aucune solution de relogement. Un argument qu'avait finalement retenu le TGI d'Aix, prenant aussi en compte le fait que le terrain avait été acquis par le Département dans le cadre d'un projet de rocade aujourd'hui abandonné. "La Ville aurait alors pu prendre un arrêté de péril mais il lui revenait ensuite l'obligation de reloger les quelque 140 personnes. Ce que je ne pouvais accepter, vu le nombre croissant de demandes en attente et le manque de logements", fait savoir Éric Le Dissès.
Simon JOUSSET (avec M.S.)