La PJ lance l'assaut contre la "bande de Marignane"
Hier, les policiers ont arrêté 8 membres présumés d'une "équipe de malfaiteurs qui avait le leadership sur Marseille depuis 2 ans"
C'est une vieille équipe, constituée de tout, sauf de perdreaux de l'année. Une bande qui a su évoluer, nouer des alliances, les défendre, qui a vécu une soudaine embellie et qui se déchirait depuis plus d'un an. "La plupart de ses membres faisaient à la base plutôt dans les braquages et le vol de bagnoles, confie un spécialiste du narcobanditisme.
Puis ils sont passés, comme les gars de l'équipe des Cannes, sous pavillon du clan Remadnia au début des années 2010 pour qui ils auraient fait des actions violentes dans le cadre de la guerre de territoires pour le trafic de stups". L'équipe originaire de Font-Vert (141 a perdu son leader, Mehdi Remadnia, tué en février 2017 à Allauch. Alors, les "Marignanais", qui ont aussi des racines à Gignac, se seraient retrouvés seuls au front. Mais un événement a fait exploser la cohésion du clan: le 3 février 2018, leur leader présumé est abattu et carbonisé dans un double règlement de comptes à OK Corral, sur la commune de Cuges-les-Pins. Parce que certains pensent que c'est en interne que cet assassinat a été fomenté, l'équipe de Marignane se scinde. Sur fond de vendettas et de contrôle de plusieurs plans stups dans lesquels le clan unifié avait des intérêts, notamment dans le 15e arrondissement, "au moins une douzaine de règlements de comptes et autres tentatives et opérations d'intimidation serait imputable à cette guerre intestine", assure un proche de ce dossier.
Si le chef présumé - le demi-frère de l'homme tué à Cuges - de cette frange, la plus puissante des deux selon un enquêteur, a été arrêté en janvier à Pra-Loup par la brigade de recherches et d'intervention de la PJ pour purger une peine de 18 mois pour violences, ce sont ses plus proches lieutenants qui auraient été arrêtés hier à l'aube par une centaine de policiers appuyés par le Raid 13, à Gignac, Meyreuil, Gardanne, Arles, La Ciotat, Vitrolles ou encore Saint-Cyr-sur-Mer...
C'est dans le cadre d'une enquête pour "association de malfaiteurs" que les policiers étaient sur la trace de ces hommes depuis des mois. Une équipe qui aurait, selon un proche de ce dossier, "le leadership sur le narcobanditisme à Marseille et le secteur depuis environ deux ans". Des perquisitions de logements mais aussi de box de garages étaient encore en cours hier soir, alors que les auditions pourront durer jusqu'à 96 heures. Avec comme à chaque démantèlement un risque assumé: "Si les gardes à vue amènent à des écrous, ça va leur mettre un gros coup. Soit ça calme tout le monde, soit au contraire ça met le feu pour le contrôle des plans qu'ils avaient dans leur giron", analyse un enquêteur.
Une chose est sûre, ce coup de filet constitue un soulagement dans la maison "police". Même le premier flic de France, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner himself, n'a pas tardé hier à "gazouiller" sa satisfaction sur Twitter...
Romain CAPDEPON