"On m'a confié la destinée de Marignane, c'est ma mission"

Éric Le Dissès toujours combatif et déterminé, assume pleinement sa charge avec la volonté d'aller plus loin

Pour le maire de Marignane, Éric Le Dissès, il n'y a plus à parler de gauche et de droite. Il se veut apolitique portant un discours adapté à ses administrés. Ce soir, à l'occasion de la traditionnelle cérémonie de vœux à la population, il évoquera évidemment le contexte politique et social national qu'il qualifie de "chienlit", sa mission d'élu et sa volonté de poursuivre pour un prochain mandat son projet de métamorphoser la ville.

  • Que répondez-vous au président Emmanuel Macron confronté à la fronde jaune, lorsqu'il fait appel aux maires pour lui servir de relais, en résumé pour l'aider ?

Quand on maltraite les maires, le peuple le voit et le ressent. S'il n'y a plus de rempart entre l'État, le peuple va directement voir où se trouve le président pour lui hurler "attention, on souffre !"

À partir de ce moment, la faute est au président qui n'a pas respecté les maires et aujourd'hui, il s'en rend compte à ses dépens, donc, il demande au maire," aidez-moi".

D'abord ils aident les maires et après les maires l'aideront, c'est comme cela que ça se passe. Il sait aujourd'hui que les maires sont au courant de tout ce qui se dit et de tous ce qui est demandé par les gilets jaunes, de la demande la plus cohérente à la plus saugrenue. Nous sommes les seuls à savoirs.

  • Les cahiers proposés pour recueillir ces demandes, allez-vous les mettre en place à Marignane, pensez-vous que c'est une bonne idée?

Ce qu'il faut faire c'est que les préfets ou les sous-préfets organisent avec les maires des réunions et leur posent la question, qu'est ce qui se passe dans votre ville. Et quand ils entendront 100% des maires qui diront la même chose, ils constateront que c'est la réalité qui est exposée.

Après s'il faut ouvrir des cahiers de doléances parce qu'on nous le demande, oui je le ferai mais il va y avoir des rubriques de chiens écrasés et toutes sortes de choses.

Moi je préfère aller à la rencontre des gilets jaunes. Je les ai reçus ici quatre ou cinq fois. Ils m'ont demandé de les aider, je les aide, il n'y a pas de souci à partir du moment où ce ne sont pas des voyous et où ils ne bloquent pas les entrées des lieux où les citoyens travaillent. Je les soutiens parce que je vois vraiment dans quelle misère nous sommes. Il faut arrêter.

  • Cela veut-il dire que vous adhérez à toutes les revendications des gilets jaunes?

Logistiquement j'aide les gilets jaunes : je mets à leur disposition un endroit pour se reposer, de l'électricité et ils viennent me voir quand ils veulent. Je constate au quotidien les difficultés des familles, je suis au contact de cette misère. Quand on voit le prix des légumes, des fruits, du carburant, je me demande de quoi les jeunes vont vivre. Je parle du terre à terre. Quand on est la tête dans les nuages, on ne se rend pas compte de ce qu'il se passe en bas.

Il faudrait que le président Macron descende et qu'il respecte le peuple.

En tant que maires, nous les recevons tous les jours les gens qui hurlent qui trépignent, on n'a pas peur de les recevoir. Alors pourquoi là-haut, ils nous maltraitent en nous enlevant de l'argent ? (NDLR : baisse des dotations de l'État aux communes entre autres.)

Il faut laisser les maires gérer leurs villes comme bon leur semble.

  • Dans votre exercice, vous avez donc remarqué une augmentation de cette précarité ?

Énorme ! Attention je ne dis pas que cela vient de Macron, c'est un cumul d'actions qui ont mené à ce que les gens soient dans la misère. Il faut réagir. Les gens ne sont plus en capacité de comprendre que l'on donne de l'argent à des pays étrangers, ils ne peuvent pas non plus admettre que lorsqu'il y a des migrants qui arrivent, on les héberge dans un hôtel aux frais de l'État alors que certains non pas de logements. Ils ont tort, ils ont raison, ça, c'est autre chose.

Et après, on va inventer la maquilleuse de Brigitte Macron, la vaisselle de l'Elysée et on va colporter, amplifier ces ragots. Il y a des personnes aujourd'hui qui veulent la tête à Macron sur un pique ! Jamais auparavant je n'avais entendu des propos comme cela.

  • Pensez-vous que cette situation est entièrement imputable au président de la République et à son gouvernement?

Ce n'est Emmanuel Macron qui a mis la France dans cet état à lui tout seul. Il y a eu Sarkozy, Hollande... Mais, s'il avait répondu tout de suite, ce serait déjà fini. Son entêtement va nous coûter dix à quinze milliards d'euros !

Ce n'est plus la République qui est en marche, c'est la Révolution qui est en marche!

  • Dans ce contexte comment vous, en tant qu' élu, agissez pour améliorer le pouvoir d'achat de vos administrés ?

On le fait au quotidien en fonction de nos moyens. Pour la culture par exemple, il y a la médiathèque et la vidéothèque en accès et prêts gratuits. Pour le cinéma, la mairie paie la moitié du billet à travers une subvention. Du coup, les familles peuvent se permettre de s'offrir une séance avec leurs enfants. Un gamin qui entre en sixième et qui ne sait pas nager, nous lui offrons les cours de natation par les maîtres nageurs, l'école municipale de sports est gratuite aussi.

Nous avons créé le "pass sport" financé par la mairie qui permet aux enfants de tester trois sports sans payer de cotisation.

Le conservatoire de danse ou de musique, c'est moins de 20 euros par mois. Les enfants peuvent avoir des cours particuliers pour plusieurs instruments à ce tarif-là!

Pour les personnes âgées, on les accompagne pour faire leur marché, ou aller retirer de l'argent par exemple.

Cela fait partie de la notion de bien vivre comme le fait d'aménager des lieux pour se promener. Avant, on allait au Griffon à Vitrolles maintenant on reste à Marignane !

Donc indirectement cela participe à l'amélioration du pouvoir d'achat. Les familles ont tout sur place avec une majorité de services gratuits.

Nous allons aussi augmenter l'investissement de la mairie dans les fournitures scolaires soit une augmentation de 25% : on offre des cadeaux de rentrée toujours du pratique : le premier dico, les fournitures scolaires, le nécessaire pour la piscine...

Par ailleurs, et cela est significatif pour le porte-monnaie des Marignanais, pas d'augmentation des impôts et baisse de la dette. Cela fait dix ans que l'on n'a pas augmenté.

  • Plus largement, quels sont les grands projets en cours et les perspectives de réalisation pour la ville jusqu'à la fin de votre mandat?

Nous avons la rocade qui mène à la plage qui sera achevée fin 2019, la deuxième partie de la piste cyclable du Jai, la démolition du centre ancien avec réfection totale des voies, reconstruction de logements... Ça, c'est un gros chantier. La réfection de l'avenue Lacanau, le grand parc paysager qui verra le jour avec une ferme pédagogique en lieu et place de la décharge.

Mon objectif, c'est de combler chaque espace vide par un espace vert aménagé. Il faut que tout le monde puisse profiter de nos espaces qui sont d'une richesse exceptionnelle.

Il faut que les gens ressentent qu'ils n'ont pas besoin d'aller ailleurs car nous avons tout sur place.

  • Le commerce de proximité, cela fait-il aussi partie de vos priorités?

Le centre urbain de Marignane n'est pas le seul exemple de la désaffection de la clientèle de proximité. Il existe une belle offre commerciale sur place avec de bons commerçants.

La réalité, c'est que l'on a pris l'habitude depuis des années de ne plus venir en centre-ville. Pourtant, c'est une des seules villes où les parkings sont gratuits. On a une association des commerçants que nous aidons. J'ai même recruté un manager de centre-ville!

Il y a aussi le problème des loyers qui sont trop élevés. Mais les propriétaires préfèrent laisser les locaux vides plutôt que de baisser les prix.

Nous avons décidé de réagir autrement puisque nous n'arrivons pas à les convaincre.

La Ville possède des locaux qui vont être transformés en commerce. On va faire venir des enseignes, des artisans avec un loyer très bas et on va tester cela pendant un an. Si le commerce passe le cap, on reste comme cela, s'il augmente son chiffre d'affaires, on ajuste un peu le loyer.

  • Comment vivez-vous votre rôle de maire? Et dans quel but ?

Je souhaite donner aux futures générations un espace de bien vivre c'est mon projet, c'est mon but.

L'objectif d'un maire, c'est de penser aujourd'hui pour ceux qui sont là, mais à demain aussi.

  • Les prochaines Municipales, vous y pensez déjà? Serez-vous à nouveau candidat?

Je repars pour un tour, je n'ai pas fini ce que je veux pour la ville. Je veux que la personne qui me remplacera dans plusieurs années (si je suis encore élu), je ne veux pas qu'elle puisse faire marche arrière. Quand on voit ce que les anciens élus ont permis aux industriels de faire, qu'ils nous ont pollués l'étang, je ne veux pas être de ceux-là ! Je ne veux pas que l'on puisse dire il a laissé du béton, des usines de la pollution !

  • Est-ce que cela veut dire que vous êtes déjà en campagne?

J'ai la passion de ma ville. Si ce n'était pas une question d'argent, la ville serait déjà métamorphosée. Mais, on a quand même des soucis financiers tout ce qu'on nous enlève et tout ce qu'on nous force à faire... Donc nous sommes obligés d'avancer en fonction de nos ressources.

Est-ce que cela veut dire que je suis déjà en campagne je ne crois pas, j'ai un projet et je veux le mener jusqu'au bout et après on verra.

On ne va pas réaliser des choses exprès pour une campagne électorale. On le fait parce qu'on a conscience que cela va améliorer le bien-être des habitants et l'attractivité de la commune.

On m'a confié la destinée de Marignane. C'est ma mission. Ce n'est pas un rôle que je joue, je sais d'où je viens et mes pieds restent sur terre.

  • Enfin, si vous aviez une phrase pour définir Marignane ?

C'est une ville méconnue qui mérite qu'on y porte un véritable intérêt et qu'on ne parle plus d'elle seulement qu'à travers son aéroport, mais pour ses qualités, ses services, son bien vivre !

Propos recueillis par Sylvie Peres-Lugassy


Ce soir, cérémonie des vœux du maire suivie de la nuit des lauréats, à la halle du Carestier, à18 h 30.

Sylvie Peres-Lugassy la Provence - vendredi 11 janvier 2019
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