Grève à Marignane après trois suicides de salariés

A priori l'appel à la grève lancé par la CGT de la base Air France de Marignane ne devrait pas être relayé dans d'autres aéroports de source syndicale et selon la compagnie elle-même, qui ne prévoit aucune annulation de vol aujourd'hui au départ et à l'arrivée de Marseille. En milieu de semaine, la centrale a en effet révélé les suicides successifs de trois salariés de la base Air France de Marignane, depuis novembre. Si les trois hommes, tous pères de famille, agents de piste pour deux d'entre eux, dont un en reconversion vers le métier d'agent de passage, et mécanicien pour le troisième, ne se sont pas donné la mort sur leur lieu de travail, cette répétition de drames sonne forcément comme un signal d'alarme, au sein de l'escale où travaillent 450 personnes, pour 70 avions traités chaque jour.

Un CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) extraordinaire doit se tenir ce mercredi en présence de l'Inspection du travail et de la Carsat (Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail).

La CGT prévoit cependant un mouvement "très suivi" aujourd'hui sur l'escale marseillaise, dont elle pointe les méthodes de management et la nouvelle organisation du travail, notamment autour d'une nouvelle grille horaire très contestée. "Ici on travaille en horaires décalés, les gens demandent à pouvoir organiser leur vie privée. Avant ils avaient une visibilité, aujourd'hui la  grille horaire peut être modifiée 48 h avant", explique Christian Verdeil de la CGT.

De son côté la direction d'Air France rappelle que "nous discutons avec les partenaires sociaux et les salariés de l'évolution des horaires à chaque changement de saison" et qu'elle a mis en place des ateliers de réflexion avec les salariés, concernant l'organisation de leur travail. Toutefois ces trois drames, survenus en fin d'année à quelques semaines et jours d'intervalle, font aussi écho à un autre suicide d'une salariée, en avril, sur la base Air France de Nice, qui a entraîné l'ouverture d'une enquête, toujours en cours, par l'Inspection du travail.

À Marignane un suivi psychologique a été mis en place pour l'ensemble des salariés, ainsi qu'un soutien social et psychologique pour les familles des défunts.

Marie-Cécile BÉRENGER