Les chauffeurs de taxi de l'aéroport haussent le ton

L'association des conducteurs professionnels interpelle les pouvoirs publics face à la recrudescence des chauffeurs clandestins qui y opèrent en toute impunité  

La colère monte du côté de l'association des taxis de l'aéroport Marseille Provence. Les chauffeurs professionnels ont en effet décidé de convoquer la presse hier pour signifier purement et simplement leur ras-le-bol face à la multiplication des taxis clandestins qui ont investi la zone de l'aéroport il y a de cela plusieurs mois.

Un phénomène qui s'aggrave et qui s'est amplifié ces dernières semaines et qui pousse donc aujourd'hui les chauffeurs à tirer la sonnette d'alarme sur leurs conditions de travail. " Malgré les dépôts de plainte et autres dénonciations, on a l'impression que rien n'avance. Aéroport comme Chambre de commerce. On a l'impression que tout le monde se renvoie la balle alors nous interpellons aujourd'hui les pouvoirs publics pour que les choses changent," assure Jean-Paul Tabbi, président de l'association des taxis de l'aéroport, accompagné de plusieurs membres de son bureau, remontés.

Un réseau très bien organisé

Les chauffeurs de taxi dénoncent en effet une pratique illégale qui s'exerce aux yeux de tous. " Ils sont une cinquantaine sur la zone, très bien organisés. Pendant que l'on paie un emplacement et un droit d'accès, eux, rentrent par les parkings visiteurs, font du racolage permanent auprès des clients, et s'octroient souvent 4 à 6 courses par heure. Ils sont présents de 7 h du matin jusqu'à 23 h. C'est un réseau très bien organisé. Chacun y tient un rôle spécifique pour permettre de passer dans les mailles du filet. Ils changent leurs plaques d'immatriculation pour ne pas se faire repérer, se placent aux entrées et sorties de l'aéroport, devant nous et récupèrent les clients. Seul le flagrant délit pourrait permettre de les déloger mais pourtant, malgré nos dossiers sur ces nouvelles pratiques, rien n'est fait", dénoncent les membres du bureau.

60 000 € de frais pour tenter d'endiguer le fléau

Outre l'aspect financier que subissent de plein fouet les professionnels du secteur face à une concurrence toujours plus accrue avec notamment l'arrivée des VTC et autres Uber, c'est aussi sur une question de sécurité que se portent aujourd'hui les revendications de l'association. " Ils donnent une mauvaise image de la zone en général. Cela prouve, qu'en période de psychose en termes d'attentats, apparemment, tout le monde peut rentrer dans l'aéroport très facilement. Certains sont interdits d'entrée et sont pourtant toujours là. Ils font du harcèlement, se battent même entre eux", rajoutent certains membres du bureau.

Aujourd'hui, l'association a fait appel à une société externe pour sensibiliser le plus grand nombre, clients comme responsables politiques, concernant ces pratiques. " C'est aussi pour gérer cette insécurité permanente, que nous subissons au quotidien, que nous avons fait appel à une société. Mais à quel prix! Cela coûte à l'association 5 000 € par mois soit 60 000 € par an sans compter nos frais. Donc le calcul est vite fait. Il y a une vraie perte de chiffres d'affaires derrière tout ce trafic."

Les 86 membres de l'association des taxis de l'aéroport souhaitent interpeller le plus grand nombre sur un phénomène qui prend de l'ampleur mais sont aussi prêts à lancer plusieurs actions significatives si rien n'est fait pour stopper cette pratique illégale.

Matthieu BIGOUROUX