Les finalistes sortent les crocs à l'aube du second tour

Malgré leur costume et leur robe dignes des fameuses soirées de l'ambassadeur, les débats qui ont eu lieu hier, dans nos locaux, entre Éric Diard (Les Républicains) et Camille Bal (La République en Marche), n'ont pas été des plus élégants. Les deux finalistes des élections législatives 2017 se sont écharpés durant près d'une heure et demi, dans un échange où les moments d'accalmie se sont comptés en poignée de minutes. Arrivé avec un quart d'heure d'avance sur l'horaire prévu, le maire de Sausset-les-Pins, avocat de profession, a attendu sa rivale, qui fera son entrée avec un petit quart d'heure de retard. En préambule, ils ont chacun répondu à la question suivante: "Quel député serez-vous?". Camille Bal sera " députée exemplaire, sincère, responsable, et une élue de proximité. Je serais à l'écoute des habitants de la circonscription pour relayer leurs priorités à l'assemblée nationale. Je suivrais attentivement les dossiers concernant l'emploi, la sécurité, le développement durable". Éric Diard, lui, restera "un élu de proximité, ce que je suis au quotidien. Je vis dans ce territoire dont je connais les dossiers, je mettrais en lumière cette circonscription sans être noyé dans la masse. Je travaillerais à la réhabilitation de l'étang de Berre, qui pendant cinq ans est restée dans les placards, je défendrais les emplois, la reconversion de la pétrochimie, l'aide aux sociétés et à leurs sous-traitants. Je serais en permanence auprès des associations, et à l'assemblée, je serais un élu constructif qui votera tout ce qui sera en faveur de la France".

Par Éric GOUBERT et Lionel MODRZYK, photos Serge GUEROULT


 

Camille Bal distancée sur la fusion des commissariats

Sur la question de la sécurité, deux aspects locaux animent le territoire depuis plusieurs mois: la fusion des commissariats de Marignane et Vitrolles, et la gestion de la mosquée salafiste de Vitrolles.

  • LE COMMISSARIAT

Interrogée sur le premier dossier, Camille Bal a d'abord indiqué que la "situation en était au stade du statu quo". "Pas du tout, lui a rétorqué Éric Diard, c'est fait depuis deux mois. C'est une idée du directeur départemental de la sécurité publique, que j'ai contestée auprès du préfet, et qui a quand même été mise en oeuvre." Un temps déstabilisée, Camille Bal s'est reprise en évoquant le retour de la police de proximité, "supprimé par Nicolas Sarkozy, alors qu'Eric Diard était député". Une attaque à laquelle à a répondu Eric Diard, en évoquant une arrivée de sept policiers supplémentaires "que j'avais négociée directement avec Nicolas Sarkozy à l'époque". Quant à la police de proximité, le candidat LR soutient qu'elle "n'a pas disparu. Aujourd'hui, la police de proximité, c'est la police municipale, qui fait face à des missions qui lui sont propres". "Je ne suis pas du tout d'accord avec cette conception, lui a rétorqué Camille Bal. Nous avons besoin d'une police nationale forte, avec une brigade anticriminalité (BAC) apte à se déplacer rapidement sur l'ensemble de la circonscription." Seuls points communs entre les deux candidats: le renforcement nécessaire des effectifs de police, "et de gendarmerie", ajoute Camille Bal, et la nécessité de revenir sur cette fusion des commissariats.

  • LA MOSQUÉE

Autre dossier sensible : la mosquée salafiste, et la présence reconnue de "fichés S" à Vitrolles. "Dans un premier temps, je demanderai une enquête sur les activités de cette mosquée, indique Camille Bal. Et si des fondamentalistes présentent le risque de se radicaliser, je demanderai sa fermeture." "Sur la question des fichés S, je demanderai d'abord qu'ils soient placés sous protection électronique, dit Éric Diard. Ensuite, je souhaite aussi que les maires aient connaissance des listes en la matière, pour une meilleure prise en compte de leur dangerosité possible".


Les deux candidats appellent Nicolas Hulot à l'aide

  • ÉRIC DIARD (LR)

"Sur ce dossier, j'avais trouvé le maître d'ouvrage qui est le Grand Port Maritime, et les financements. En 2012, on avait commencé les études. Sous la mandature Burroni, aucune impulsion n'a été donnée, rien ne s'est passé pour activer les choses. Depuis, les maires ont choisi telle option, le Gipreb telle option... Pour faire avancer les choses, il me suffira d'aller voir quelqu'un que je connais bien, un certain Nicolas Hulot. J'ai travaillé avec lui lors du sommet mondial du climat à Copenhague. Il est à même de relancer ce dossier. La directive-cadre européenne nous oblige, sous peine d'amende, à faire quelque chose sur le canal du Rove et l'étang du Bolmon. Il faut rouvrir à la courantologie le tunnel du Rove. C'est un projet entre 13 et 30 millions d'euros. Votre projet de dérivation coûterait quatre milliards d'euros, et n'est en rien écologique puisqu'il nécessite le creusement de canalisations jusqu'à la Méditerranée. Concernant la pollution, nous avons réussi à faire baisser les rejets en dioxyde de soufre des raffineries, mais il est clair que c'est un problème de santé publique qui mérite une extrême vigilance."

  • CAMILLE BAL (LREM)

"Monsieur Diard a eu deux mandats de député pour faire avancer les choses, force est de constater qu'aujourd'hui, elles sont toujours au même point. Je préconise la dérivation des eaux duranciennes vers le Rhône, plutôt que le projet du canal du Rove, qui est très coûteux. Pour parler plus largement d'environnement, je veux aussi m'attaquer aux problèmes des rejets industriels, de la pollution lourde dont sont victimes les habitants de la circo depuis des dizaines d'années. J'ai déjà pris contact avec l'Agence Régionale de Santé sur ce point, elle s'est réjoui qu'on s'attelle à ce dossier. Nos habitants sont aux premières loges, avec un taux d'asthme, de cancer, de diabète plus élevés. J'ai sollicité l'intervention de Nicolas Hulot sur ce point, mais aussi sur les problèmes de nuisances de l'aéroport."


Sur la Métropole, un consensus très fragile

  • CAMILLE BAL (LREM)

"Cette Métropole doit fonctionner pleinement, et ne pas juste être une coquille vide, pour une circo qui souffre terriblement. Je pense notamment aux gros problèmes de mobilité. Les transports étaient censés être un des piliers de la Métropole, alors que notre territoire souffre terriblement de l'enclavement. Quand je vois des chefs d'entreprise à Carry, des salariés de Vitrolles ou de Marignane avoir toutes les peines du monde à se déplacer, je me dis qu'il faut que les choses avancent rapidement. Il faut développer les moyens de transport. Cela passe par le développement du train de la Côte Bleue, la mise en place de navettes maritimes... La politique de transports doit être cohérente et doit permettre d'accroître la compétitivité des entreprises. Pour rappel Éric Diard fait partie de l'équipe dirigeante de la Métropole, il en est le numéro 2... Il est dommage que ces dossiers qui comptent tellement pour les habitants mettent autant de temps à avancer."

  • ÉRIC DIARD (LR)

"La Métropole, je peux en parler puisque je suis membre du bureau, et non pas numéro 2, il faut revoir vos fiches. Concernant les transports, elle va permettre d'unifier les réseaux, qui appartiennent tantôt à la Région, tantôt à la communauté urbaine, tantôt aux départements... La Métropole est bénéfique pour nos entreprises, qui ne seront plus sur des territoires morcelés. Le bât qui blesse, c'est que la Métropole compte 90 communes. Vous imaginez la lourdeur de décision, pour les élus? Ça devient très, très difficile! Les petites communes ont parfois peu de lisibilité et se retrouvent face à un mastodonte. 


Bal dénonce "un débat de caniveau", Diard "les calomnies"

  • ÉRIC DIARD (LR)

"J'ai été profondément marqué par des faits graves. Je n'ai pas eu l'impression d'être face à En Marche, j'ai eu l'impression d'être face au Front national de la plus mauvaise époque. Cela a commencé sur les réseaux sociaux, où votre suppléant a affirmé que je n'avais pas le diplôme de droit, que j'avais eu mon diplôme d'avocat par mes mandats électoraux. Il y a des règles de déontologie à respecter. Cette même personne a affirmé que mon suppléant Éric Le Dissès avait des liens avec des proches de Bachar Al Assad! Voyez donc le niveau de la campagne! Et enfin aujourd'hui, vous sortez un tract diffamatoire, où vous dites que je me suis rendu en Syrie lorsque j'étais député pour rendre visite à Saddam Hussein. Déjà, Saddam Hussein, il était en Irak. Je me suis effectivement rendu en Irak, avec plusieurs parlementaires, en 2002, c'était dans tous les journaux nationaux. De plus, je n'ai jamais rencontré Saddam Hussein. Je suis allé sur place pour voir s'il y avait des armes chimiques. L'histoire m'a ensuite donné raison, vous avez vu ce qu'a donné la guerre menée en Irak par les États-Unis... Un député est libre de se rendre où il veut, j'y étais, avec des Canadiens, des Britanniques également. "

  • CAMILLE BAL (LREM)

"Je suis un peu désabusé et triste car je trouve qu'on a assisté à un débat de caniveau. Certains de mes adversaires auraient dû prendre de la hauteur, plutôt que d'envoyer, en sous-marins, des sympathisants balancer des missiles sur mes origines, mes diplômes... Ils auraient mieux fait de rester sur le terrain thématique. Les électeurs en ont assez, ils ont envie que leur candidat aborde les vrais sujets de société plutôt que de s'enliser dans des débats stériles, des querelles de bas étage. Pas plus tard qu'avant-hier, votre suppléant Le Dissès a dit, dans une réunion publique, que j'étais une candidate qui ne votait pas, et que j'avais une autre nationalité. Il m'a attaqué sur mes origines turques, ce qui est déplorable, et grave. Concernant votre visite à Saddam Hussein, parlons-en, c'était un couac énorme, il était déjà un dictateur déchu et vous vouliez, vous et les parlementaires présents, lui faire des ponts d'or et des courbettes."


Airbus Helicopters au centre de l'attention

  • CAMILLE BAL (LREM)

"En tant que député, je prendrais clairement position. Pour l'emploi globalement, nous allons développer le système des emplois francs, qui visent surtout les personnes issues des zones prioritaires. Elles sont souvent vouées au chômage, comme à Marignane où le taux est de plus de 14 %. L'idée, c'est de permettre aux entreprises d'engager ces personnes sans payer de charges sociales, avec une prime de 5 000 euros si elles engagent ces personnes venant de quartiers prioritaires en CDI. Ce dispositif, évidemment, sera bénéfique à Airbus Helicopters, qui connaît des difficultés. C'est un fleuron de l'économie française, nous allons tout faire pour renforcer sa compétitivité et lui permettre d'engager une main-d'oeuvre locale qualifiée."

  • ÉRIC DIARD (LR)

"Airbus connaît en ce moment une activité plus faible, mais ses salariés savent que les carnets de commandes seront remplis pour 2018-2019. Le député doit, dans ce type de dossier, être un facilitateur. Exemple: il y a six mois, j'ai rencontré une entreprise sous-traitante d'Airbus, avec à sa tête une personne ayant atteint l'âge limite. Il n'avait pas de repreneur. Je lui ai présenté des chefs d'entreprise. En avril, une fusion s'est faite avec la société de ce monsieur. Pour revenir à Airbus, l'État doit s'engager par rapport à la fluctuation d'activité. Quand il y a une baisse d'activité, il faut qu'il s'engage, en achetant, notamment, des appareils militaires comme les hélicoptères. Lancer un système de formation sur Airbus Toulouse, pendant les périodes creuses, pour laisser passer les moments plats, est aussi une bonne solution. Député, je serais l'ambassadeur de ce leader de l'aéronautique, de ses employés, et de ses sous-traitants."


 Éric GOUBERT et Lionel MODRZYK la Provence - vendredi 16 juin 2017


photos Serge GUEROULT  la Provence - vendredi 16 juin 2017
photos Serge GUEROULT  la Provence - vendredi 16 juin 2017

 

photos Serge GUEROULT  la Provence - vendredi 16 juin 2017
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