Éric Diard (LR) et Camille Bal (LREM) envoient le Front dans les cordes

C'est le grand perdant de la soirée, et il le sait. Ses militants l'ont attendu une bonne heure avant qu'il ne se décide à se rendre à sa permanence marignanaise. Entre-temps, certains se sont découragés, repartant chez eux en marmonnant. Non, le Front national n'a pas réussi son coup sur la 12^e, où Jean-Lin Lacapelle, conseiller régional d'lle-de-France, n'a obtenu que 21,47%, derrière Camille Bal (23,25 %), et Éric Diard en tête (24,22%). Un camouflet pour ce "super-candidat" du parti à la flamme, qui portait "une candidature d'enracinement" et qui venait juste d'emménager à Marignane, ancien fief frontiste sur lequel il fondait beaucoup d'espoirs, n'arrivant au final qu'en se condé position avec 24,68%.

Comme à Vitrolles, autre bastion, où il arrive deuxième (22,99%) derrière la macroniste Camille Bal. "Nous nous sommes heurtés à plusieurs phénomènes. Cette Camille Bal, totalement inconnue, s'est qualifiée! Elle ne connaît rien à la politique, vient à peine d'ouvrir sa permanence, et pourtant regardez...", a lancé le frontiste devant ses soutiens déconfits.

Pour Clostermann, c'est mission accomplie!

Dans ses présumés fiefs, mais aussi sur la Côte bleue, Lacapelle se sera notamment heurté à Éric Diard (Les Républicains), qui a fait le plein de voix à Marignane (30,81 %), le suppléant Éric Le Dissès est le maire. Mais aussi au dissident Jacques Clostermann, soutenu par Jean-Marie Le Pen. Pour cet ancien pilote de chasse, qui aura fait des scores oscillant entre 2 et 5%, c'est mission accomplie, puisque ces scores auront contribué à faire chuter Lacapelle.

"Clostermann est arrivé à me faire battre, il a fait le sale boulot avec ses copains Diard et Le Dissès. Il n'a ni honneur ni dignité", maugréait hier soir Lacapelle. Diard, bien qu'en tête, était lucide avant un second tour qui s'annonce serré. "Mon score est le résultat d'une politique de proximité, celle que je mène au quotidien. Camille Bal, c'est le résultat de la franchise Macron, une mode. Nous, on se bat sur nos valeurs, nos convictions, depuis longtemps", lance Diard. Qui malgré ce succès, sait que la victoire finale est loin d'être acquise. Son score très faible à Vitrolles (12%) en est la preuve. "Il va falloir continuer à aller sur le terrain, chercher les abstentionnistes, mobiliser nos réserves de voix", pouvait-on entendre dans sa permanence. Ça commence aujourd'hui.

C'est fini en revanche pour les socialistes. Leur candidate Isabelle Rovarino a essuyé une lourde défaite malgré une campagne dynamique n'enregistrant que 3,17% des suffrages. C'est à Vitrolles, que les sympathisants et l'équipe de campagne de la candidate s'étaient réunis, partagés entre le sentiment satisfaisant de voir le FN encaissé un large revers mais l'amertume de n'avoir pas su rassembler ni sur un nom ni sur un programme. "Malgré une campagne bien menée, c'est un échec", commentait Loïc Gachon, maire de Vitrolles. Isabelle Rovarino ne regrette pas d'avoir tenté sa chance. Elle émet quelques inquiétudes sur ce qui tend à devenir une habitude récurrente concernant les législatives: "Les gens ne votent pas pour le candidat Merono (qui fait un score honorable de 10,15% sur la circo) mais pour Mélenchon, comme ils ne votent pas pour Camille Bal mais pour Macron."

Et justement du côté des Macronistes, on donnait de la voix. Pas question de bouder son plaisir de se retrouver contre toute attente dans une configuration classique entre deux candidats Républicains en déjouant tous les scénarios qui au mieux prédisaient une triangulaire et au pire un duel FN-LR "Ici, dans notre 17 circonscription, les électeurs nous ont fait confiance. Cette confiance vient de se traduire par un élan sans précédent en faveur de notre mouvement La République en Marche. Notre résultat de 23,25% vient renverser une fatalité annoncée depuis longtemps, qui réservait la circonscription à l'extrême droite." Camille Bal est consciente d'avoir bénéficié de la dynamique présidentielle et bien contente d'avoir déstabilisé le FN. Reste à rassembler. La candidate espère-t-elle un appel à report de voix sur son nom de la part du PS, des Verts. Rien n'est encore joué entre les deux derniers candidats en lice.

Lionel MODRZYK et Sylvie PERES-LUGASSY