À Marignane, l'extrême droite sur deux fronts

Face au candidat investi par le FN, J.-M. Le Pen présente son propre poulain  

"Tiens. c'est Closternann qui passe" ricane quelqu'un. alors que monte de la rue une tonitruante harangue au mégaphone. Dans le petit local de campagne de l'avenue Jean-Jaurès, à Marignane, on rit, quoiqu'un peu jaune. Au micro, ce n'est évidemment pas le très posé Jacques Clostermann, ex-pilote de chasse et candidat de l'Union des patriotes. "Pourquoi parler de quelqu'un qui fera 1.5 % ?" grince d'emblée Jean-Lin Lacapelle.

Conseiller régional des Hauts de Seine, le secrétaire général adjoint du FN est parachuté dans la 12e circonscription des Bouches-du-Rhône (Marignane, Vitrolles, Gignac, la Côte bleue), où Vincent Buroni, le député PS sortant, ne se représente pas. Donné favori, il voudrait bien qu'on lui parle d'autre chose. Mais c'est raté: sur ces terres où Marine Le Pen a fait certains de ses meilleurs scores au second tour de la présidentielle (64% à Saint-Victoret, "un record"), et où, il y a 20 ans, le FN prenait les mairies de Vitrolles et Marignane, la presse n'est venue que pour "ça".

Ça? Le dernier pied de nez, ou tour de cochon, selon les appréciations, fomenté par un certain... Jean-Marie Le Pen. Sous la bannière de l'Union des patriotes (alliance de ses Comités Jeanne, de Civitas, du Parti de la France et de Siel), celui qui reste président d'honneur du FN a investi 15 candidats à travers la France. S'il épargne sa propre fille à Hénin-Beaumont, il vise directement ses hommes forts: Jean-Lin Lacapelle, souvent qualifié de "nettoyeur' des vieux pontes du parti, mais aussi Gilbert Collard dans le Gard et Florian Philippot en Moselle n'y couperont pas. "Ce sont des règlements de comptes qui ne m'intéressent pas", rétorque Lacapelle, ex-cadre chez L'Oréal.

"C'est lui qui se présente contre moi, pas l'inverse. Je vis ici depuis 15 ans, je connais tout le monde: c'est moi. le légitime", sifflera dans l'après-midi Jacques Clostermann. Cet ex-RPR. à l'origine du Rassemblement Bleu Marine avec Gilbert Collard, soutient que Marine Le Pen lui avait "quasiment promis "l'investiture dans la 12e. "Mais Stéphane Ravier a fait un casus belli de mon cas", estime-t-il, piqué au vif. Dans un de ses SMS acides dont il est friand, le sénateur-maire FN de Marseille défouraille: "Si Jean-Marie Le Pen avait subi la moitié des critiques que Marine Le Pen a subi de sa part. Il aurait exécuté Clostermann sur le coup! Il a eu ce qu'il méritait." On verrait presque voler les tumbleweed, ces herbes de western, dans les rues de Marignane...

Mais ces rancœurs remâchées ébranleront-elles un parti déjà secoué par le calamiteux débat de rentre-deux-tours et la "retraite" de son meilleur espoir, Marion Maréchal-Le Pen? "Les gens sont au-dessus de ces querelles de personnes", veut croire Jean-Lin Lacapelle. Près de lui, David Rachline, qui a "digéré, non. dirigé" (lapsus...) la campagne de Marine Le Pen, est venu en soutien. Les "jeanmarienistes"? "Des personnes qui n'ont plus aucune aura politique; tacle-t-il.

Dans sa chemisette poussin, Jean-Marie Le Pen, 89 ans, semble, lui, s'en s'amuser follement. A Marignane pour épauler Jacques Clostermann, Il minaude: "Si je suis le poil à gratter du Front national? Mieux vaut ça que d'être mort!' Nul mot en revanche sur l'opportunité, pour les Comités Jeanne, d'engranger les subsides publics accordés dès la barre des 1% franchie... Et siphonner le FN aux législatives? 'C'est une élection à deux tours. élude Jean-Marie Le Pen. Au second, les patriotes se réuniront." Lui, sans nul doute, comptera les points

Delphine TANGUY Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


LES RÉPUBLICAINS

"Ni-ni", désistement réciproque, "oui mais", "cas par cas", l'incertitude des législatives

A moins de deux semaines des législatives, la question du "ni-ni" secoue de nouveau Les Républicains, divisés entre partisans du désistement pour faire barrage au FN et réfractaires à une consigne de vote explicite.

François Baroin, chef de file LR pour les législatives, a pris les devants, prônant lundi "le désistement" en cas de victoire possible du FN, sans manquer de faire référence à Jacques Chirac et à son cordon sanitaire. Le porte-parole du gouvernement. Christophe Castaner, a aussi promis le désistement en cas de "risque" FN, et Marine Le Pen a aussitôt attaqué le "mariage" entre La République en marche et Les Républicains.

Mais, en interne, tout le monde n'est pas d'accord. Les propos de François Baroin ont fait réagir dans son parti. Le sénateur-maire de Troyes les a tempérés en comité de campagne mardi, évoquant une "position personnelle" et soulignant que le bureau politique de LR aurait à en décider au lendemain du 1er tour, le 12 juin.

Plus que le "ni-ni", le "oui mais"

A mesure que le FN progresse, la question agite régulièrement les dirigeants de la droite, aux positions parfois fluctuantes. Après l'élimination de François Fillon au premier tour de la présidentielle, LR avait eu de longues discussions pour finir par un compromis excluant l'abstention face à Marine Le Pen sans toutefois soutenir explicitement Emmanuel Macron, une sorte de "oui mais". La discussion avait été houleuse entre les partisans de l'appel explicite à voter pour le candidat d'En marche! (Nathalie Kosciusko-Morizet. Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Christian Estrosi. Gérard Larcher, Jean-François Copé, Luc Chatel. Thierry Solère) et ceux qui appelaient à "faire barrage au FN" sans évoquer Emmanuel Macron (Laurent Wauquiez. François Baroin, Eric Ciotti, Jean-Frédéric Poisson). Le chiraquien François Baroin avait, alors, varié, puisqu'au soir de ce premier tour, il avait, a titre personnel, appelé a voter Emmanuel Macron.

Le secrétaire général de LR, Bernard Accoyer, a quant à lui fait sa synthèse sur RTL: "Les situations de triangulaires seront rarissimes, en raison de l'affaiblissement du Front national, en raison de la participation' (qui sera sans doute faible et fera ainsi monter la barre pour accéder au second tour). Ainsi, le bureau politique verra. "cas par cas, ce qu'il faudra faire (...) pour que la démocratie et les partis républicains l'emportent" .

Un débat après le second tour

Le parti. en difficulté après le fiasco de la présidentielle, veut éviter à tout prix de nouveaux déchirements avant le 18 juin.

Le débat sur la ligne politique de LR doit s'ouvrir après ce second tour, un congrès étant prévu à l'automne. Les tenants d'une ligne modérée semblent avoir marqué un point. Le juppéiste et candidat LR dans les Hauts-de-Seine, Gilles foyer, un proche du Premier ministre Édouard Philippe. avait été le premier, lundi matin, à plaider pour "une stratégie de désistement réciproque" entre LR et la République en marche.


PS

Une inévitable désagrégation? Déchiré sur l'attitude à adopter face au nouveau gouvernement et à ses premières réformes, le PS poursuit sa lente désagrégation, avant une sans doute inévitable "clarification". L'ancien candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon a profité de son passage hier sur RMC pour interpeller ses ex-collègues du gouvernement sur la suspension du compte pénibilité (confirmée la veille par le Premier ministre Édouard Philippe) ainsi que sur le projet du président Macron de réformer le code du travail par ordonnances.

 

Si une grosse vingtaine de députés PS sortants ont obtenu l'investiture de la République en marche, ils sont aussi nombreux parmi les candidats investis par le PS à se réclamer de la "majorité présidentielle" sans en avoir le label. Le Premier secrétaire du parti, Jean-Christophe Cambadélis, estime que l'heure n'est pas à des sanctions. Mais les électeurs ne risquent-ils pas de s'y perdre? Combien de temps les socialistes tiendront-ils dans le même parti? "Nous verrons. Il y aura des discussions. une clarification avec tous les acteurs du parti", élude Stéphane Le Foll dans Libération. Sans doute au moment de la constitution des groupes à l'Assemblée, estime un proche de Manuel Valls.

Delphine TANGUY la Provence - jeudi 1er juin 2017
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