La soif de justice des Hammami

La famille de Saufiane,Marignanais tué le 2 novembre 2014 sur le parking de la discothèque aixoise le HotBrass, revient sur les circonstances troubles du drame, alors que lapolice enquête toujours et que des tests ADN viennent d’être effectués Une rixe au sujet d’une fille, approchée d’un peu trop près par un prétendant trop entreprenant. Une scène banale de sortie de boîte de nuit, qui s’est transformée en cauchemar le 2 novembre 2014, devant le Hot Brass, night-club aixois réputé. Il est 5 h du matin passé lorsque Saufiane Hammami, Marignanais de 36 ans, quitte les lieux avec ses amis Marc, Souhil, Mohammed, et Djouhoud, alors que la bagarre éclate. Les coups pleuvent, la confusion règne, et le public entend même des tirs (deux douilles de calibre 9 mm seront retrouvées ensuite par les enquêteurs). Fortement alcoolisé, incontrôlable, Djouhoud prend alors le volant d’une Audi A3 de couleur noire, et fonce en direction de la foule. Dans sa course folle, il percute violemment son ami Saufiane, qui se retrouve happé sous la voiture qui le traîne pendant une dizaine de minutes, et ce, alors que les videurs tentent de le stopper, en vain. Le médecin du SMUR déclare le décès de Saufiane à 6 h 53. Traces de cette lente agonie, de nombreuses taches de sang retrouvées aux quatre coins du parking, des morceaux de sa chaînette avec un médaillon à son nom, et…un morceau d’oreille. Le lendemain, les auditions des témoins (clients et employés du Hot Brass principalement) permettent de mettre rapidement un visage et un nom surle meurtrier présumé, par ailleurs déjà connu de la police (lire ci-contre). Les trois autres amis de la victime sont eux placés en garde à vue "pour faits de meurtre" en milieu d’après-midi, après s’être présentés d’eux-mêmes à l’Évêché, à Marseille. Alors que Saufiane agonisait, ils étaient dans son véhicule à l’attendre, à quelques mètres de la scène. "À 20 mètres de celle-ci, avec à proximité des personnes qui hurlaient au chauffeur d’arrêter, comment avez-vous pu ne rien voir ou rien entendre ?", se sont interrogés les enquêteurs. "J’ai entendu des bruits (...) je n’ai pas fait attention à ce qu’il se passait. On a vu l’Audi noire prendre la fuite", déclare l’un d’eux à la police. "Nous avons attendu une demi-heure Saufiane, ne le voyant pas, nous avons décidé de rentrer à Marignane. J’ai déposé la voiture de Saufiane à proximité du bar le France", souligne un autre acolyte. À aucun moment, la bande d’amis n’a cependant prévenu la famille ou les autorités, une attitude pour le moins étonnante que celle-ci déplore. "Les trois étaient sur place, ils constatent que Saufiane a disparu, et ils vont tranquillement déposer la voiture sur un parking à Marignane. Personne n’a présenté ses condoléances à notre mère, et certains partent en courant lorsqu’on les croise, deux ans après!, déplore Ayoitif, sa sœur. Ce drame a eu des conséquences terribles sur notre famille. Ma mère a quitté la France, et s’est installée près de Constantine, en Algérie, à quelques mètres de la tombe de Saufiane, pour rester près de lui." Autre détail troublant, la sacoche du défunt, qu’un individu a remis le matin même du drame au patron du bar "Le France", où la bande d’amis avait ses habitudes. "Je suis immédiatement allé remettre la sacoche à la famille, mais je ne me souviens plus exactement qui me l’a apporté . Saufiane, c’était comme mon frère. Juste avant de partir en boîte, il m’avait dit que c’était sa dernière soirée festive, qu’après, il se calmerait", précise-t-il. Avant de disparaître définitivement, le suspect principal est revenu le jour même à Marignane pour adresser un message à ses "amis" sans quitter son véhicule. "Il a dit que si c’était Saufiane, il regrettait, qu’il fallait qu’on le dise à sa famille", raconte un témoin de la scène. Contactés par nos soins, deux amis de Saufiane (*), placés en garde à vue à l’époque, reviennent sur les heures qui ont suivi le décès. "J’ai des regrets, si j’avais su, je serais resté sur ce parking pour aider mon ami. Mais j’ai su après qu’il s’agissait de lui (...) Je ne pouvais pas le joindre, je n’avais passon numéro de téléphone", souffle l’un d’eux, en larmes. "Je suis revenu au Hot Brass le lendemain à 9h, voir si j’y trouvais Saufiane. Il y avait de nombreux policiers (...) Mais je ne suis pas allé leur parler, j’ai eu peur des répercussions", avance l’autre individu. Depuis avril 2016, les enquêteurs de la brigade criminelle ont connaissance des analyses ADN effectuées dans l’Audi A1 dans laquelle ont fui les amis de Saufiane. "Que la famille se rassure, ce dossier n’est pas enterré au fond d’un placard, loin de-là. Mais on peut comprendre l’impatience des proches. C’est une affaire importante, que nous connaissons bien, et qui est en cours. On ne peut en dire plus", affirme-t’on à la Direction départementale de la sécurité publique. Le père, la mère, Karima, Ayoitif, et Manelle, qui ont déposé plainte contre X, n’attendent qu’une chose : "Que la Justice mette des noms et des visages sur les responsables. Cela permettra d’avoir un procès, même si cela ne ramènera pas Saufiane".

Lionel MODRZYK

(*) Ils ont souhaité conserver l’anonymat

L'ANALYSE de Me Campana avocat de la famille   "La réaction de ses amis est un point très troublant"

Si Jean-Jacques Campana, avocat de la famille Hammami, estime que "l’enquête commence à être longue", il espère que les tests ADN réalisés en avril dernier dans le véhicule où se trouvait la bande d’amis donneront des résultats salvateurs.

"Cela va permettre de savoir qui était qui, qui a fait quoi, d’avoir des noms sur des actes. D’autant que la réaction de ses amis, enfin, amis entre guillemets, après son décès est un point très troublant du dossier. Pourquoi ne se sont-ils pas comportés différemment, pourquoi ont-ils ramené la voiture le lendemain à Marignane, avec la sacoche de la victime ? Il serait intéressant qu’ils soient enfin auditionnés là-dessus, souligne Maître Campana. Quel est le poids du suspect principal, celui qui a foncé sur Saufiane et qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt, sur le silence des autres actuellement ? La question se pose aussi, finalement." Si lors des premières semaines de l’enquête, l’hypothèse d’un tabassage de Saufiane par plusieurs protagonistes dont des videurs, d’une sorte de guet-apens, a été évoquée, Maître Campana indique "qu’elle a été rapidement écartée. Je pense que les enquêteurs savent où ils vont. Une nouvelle juge d’instruction a repris ré- cemment le dossier, j’ai espoir que les choses avancent vite. Il y a toute une famille meurtrie qui attend, et qui a le droit de savoir".

L.Mo.

Pendant sa cavale, le meurtrier présumé contacte la famille du défunt

L’individu au volant de l’Audi A3 qui a percuté, happé, puis traîné Saufiane Hammami est à ce jour toujours en fuite, alors qu’un mandat d’arrêt a été délivré à son encontre. Selon nos informations, il s’agirait de Djouhoud, un trentenaire franco-comorien déjà défavorablement connu des services de police à l’époque des faits, car impliqué dans une affaire d’assassinat en 2011. Bien connu sur Vitrolles, dans le quartier des Pins où réside une partie de sa famille, mais aussi dans le quartier marseillais de Saint-Antoine, il se serait enfui à l’étranger les jours qui ont suivi son geste de folie. À l’été 2015, il contacte la famille Hammami par l’intermédiaire d’une connaissance, et propose un rendez-vous sur Aix. "Je n’ai jamais su dans quel but... Peut-être pour nous expliquer sa version, ou nous acheter. Mais au dernier moment, il s’est désisté", raconte Ayoitif, une des sœurs de Saufiane.

Depuis, le meurtrier présumé n’a plus donné signe de vie.

L.Mo. 

L.Mo. la Provence - mercredi 2 novembre 2016

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